Le groupe tunisien Carte rachète 39 % du capital de l’UBCI à BNP Paribas

Le rachat de parts de la filiale tunisienne de BNP Paribas s’inscrit dans la logique de désengagement de différents marchés africains du groupe français. Carte, l’acquéreur tunisien, ajoute une banque universelle à une palette diversifiée de services financiers.

Siège de l’UBCI en Tunisie. © Ashoola, Wikimedia Commons

Siège de l’UBCI en Tunisie. © Ashoola, Wikimedia Commons

Publié le 3 septembre 2019 Lecture : 3 minutes.

Le groupe BNP Paribas et le groupe Carte (Compagnie d’assurance et de réassurance Tuniso-Européenne) ont conclu le 28 août 2019 un accord portant sur l’acquisition par le premier de 7 800 000 actions de l’Union Bancaire pour le Commerce et l’Industrie (UBCI), pour un prix unitaire de 23,5 dinars par action, soit une valeur globale de 183,3 millions de dinars (57,7 millions d’euros).

L’ensemble représente 39 % du capital de l’UBCI. BNP Paribas conserve ainsi 11,09 % au capital de sa filiale (sa participation historique s’élevait à 50,09 %). Le groupe français avait annoncé en janvier 2018 vouloir lancer une réflexion stratégique sur le sort de sa participation. Cette opération intervient dans le cadre d’une stratégie de désinvestissement de BNP Paribas d’Afrique.

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En 2018, l’UBCI a réalisé un bénéfice net de 47,75 millions de dinars, la plaçant à la 10e position du secteur. Toutefois avec un taux de marge nette de 20,9 %, elle est nettement en deçà de celui réalisé par d’autres banques privées à participation étrangère comme Attijari Bank (33,2 %) et UIB Société générale (30,8 %). Sa part de marché reste figée à 3,9 % lui faisant perdre une place dans le classement passant de 10e à 11e au profit de Zitouna Bank.

Lourdes charges opératoires

Autre point faible de la banque : ses charges opératoires. Avec un Produit net bancaire (PNB) de 228,4 millions de dinars en 2018 (+14 %), UBCI affiche un résultat avant impôt et avant provisions de seulement 83,9 millions de dinars. Les charges opératoires dévorent 63,2 % du PNB, soit, un des coefficients d’exploitation les plus élevés du secteur.

Le repreneur, le groupe Carte de l’homme d’affaires Hassine Doghri est composé d’une douzaine de sociétés opérant principalement dans l’assurance vie et non vie, le capital investissement (Cotif Sicar et Cofite Sicaf), l’intermédiation boursière (Cofib capital Finances), l’industrie des gaz industriels (Utique Gaz), la promotion immobilière et l’hôtellerie.

Présent sur plusieurs lignes de métier de la finance en Tunisie et pour compléter le puzzle d’un groupe financier intégré, Carte aspire depuis longtemps à obtenir l’agrément d’une banque universelle. Comme le détaille le site d’informations exclusives, JAB + , le groupe a d’abord tenté une prise de contrôle dans la banque d’affaires Capital African Partners Bank, CAP Bank (Ex, Banque d’Affaires de Tunisie BAT) dans laquelle il détient aujourd’hui 37 %.

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Synergie payante

L’acquéreur précise dans l’accord publié, qu’il n’a pas l’intention de dépasser ce niveau de participation (39%). La présence permanente de BNP Paribas dans le capital de l’UBCI permet, d’une part de s’appuyer sur l’expertise métier de BNP Paribas, gage de bonne continuité de l’activité et évite, d’autre part, à l’acquéreur de se voir soumis par le régulateur (CMF) à une offre d’achat, portant sur le reste du capital. Ceci arrange également le groupe français, dans un contexte il est difficile de trouver preneur pour la totalité de son bloc de contrôle.

« À un moment où les métiers de la banque se diversifient, l’association avec une compagnie d’assurances favorisera les synergies en matière de distribution de produits et permettra de développer une offre de services de banque assurance qui constitue un des segments à forte rentabilité », analyse Habib Karaouli CEO de la banque d’affaires Cap Bank. Selon lui, le bloc n’a pas suscité l’intérêt d’investisseurs stratégiques étrangers, la Tunisie et le secteur bancaire étant de moins en moins attractifs.

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« Le fait que cela soit un opérateur national qui reprenne la banque me semble de bon augure, ajoute Habib Karaouli. Le niveau de concentration du capital étranger dans les banques de la place a atteint ses limites. Si on évalue celles qui sont présentes depuis longtemps en termes de métiers, de produits et services originaux, ou d’accompagnement des PME/PMI et TPE, elles se sont finalement alignées sur les pratiques domestiques pour bénéficier de situations de rente. »

 L’UBCI à la loupe

L’UBCI est la 10e banque du pays par la taille de ses crédits, devançant tout juste, la dernière-née du secteur, la banque Islamique Zitouna. L’encours des crédits nets de la banque ont fait du surplace entre 2017 et 2018.

La stratégie sélective de la banque a pesé sur sa part de marché en terme de crédits bruts qui est passée de 4 % en 2017 à 3,7 % en 2018. En revanche, la banque affiche une qualité des actifs parmi les plus saines du marché, la part des NPL est maîtrisée à 6,15 % (contre 6,23 % en 2017) largement mieux que le taux normatif de 15 % exigée par la Banque Centrale de Tunisie.

Toutefois, le ratio de couverture des risques par les fonds propres reste sous pression, tout juste au-dessus du minimum réglementaire, à 10,39 %.

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