RDC : ressources naturelles, fiscalité, transparence… Les recommandations du FMI pour relancer l’économie
Sur fond de crise causée par l’épidémie d’Ebola en RDC, le FMI salue l’opportunité de la transition politique pacifique du début d’année et appelle à plus de transparence dans les affaires économiques et minières congolaises, ainsi qu’à une clarification du budget.
Alors que le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba a présenté mardi le programme du nouveau gouvernement congolais à l’Assemblée nationale, le FMI a publié le compte-rendu de sa mission de consultation menée durant le mois d’août.
Le document remarque en préambule que malgré la richesse de ses ressources naturelles, le pays fait face à d’important défis en matière de développement. Une situation compliquée par la crise sanitaire liée à l’épidémie d’Ebola que traverse le pays. Il souligne que « la transition politique pacifique du début de l’année, (…) offre une occasion unique d’améliorer la situation des droits de l’homme dans le pays, des possibilités de réforme pour réduire la pauvreté généralisée, créer des emplois et promouvoir une croissance inclusive ».
En 2019, la croissance passera de 5,8 à 4,3 %
Sur le plan financier, l’année a été plutôt bonne constatent les observateurs du FMI, avec une croissance économique de 5,8 %, une inflation ralentie, et l’excédent budgétaire qui n’a atteint que 0,4% du PIB. Mais l’année 2019 s’annonce moins prospère, note le rapport, notamment à cause de la baisse des prix du cobalt et du cuivre, la croissance risque de redescendre à 4,3 %.
L’institution de Bretton Woods souligne aussi que « sur la base des politiques actuelles, les revenus en RDC resteront bien en dessous de la moyenne de l’Afrique subsaharienne malgré l’impact positif du Code minier révisé 2018 ».
Dans ce contexte, les experts du FMI ont identifié cinq leviers qui permettront de renforcer la situation économique de ce pays de 98 millions d’habitants, et dont la population pourrait atteindre 113 millions de personnes en 2024. Ces cinq leviers sont : les dépenses et recettes fiscales, le secteur minier, la lutte contre la corruption, la transparence, la gouvernance.
• Dépenses et recettes fiscales
Les observateurs du FMI plaident pour une meilleure formalisation avec moins de procédures de dépenses d’urgence. La rationalisation de la fonction publique et l’amélioration de la rémunération permettraient également d’accroître son efficacité. Pour maintenir la viabilité de la dette, le rapport insiste sur la nécessité d’examiner soigneusement les projets d’investissement public, d’éviter les emprunts coûteux et d’élaborer une stratégie pour régler les arriérés de paiement au niveau national.
Sur le plan fiscal, le FMI recommande aux autorités de « réduire les exonérations, d’élargir l’assiette fiscale, de simplifier le système et d’améliorer l’administration des impôts et des taxes et les contrôles aux frontières » pour faire en sorte que le budget de l’État colle aux projections annoncées, et renforce ainsi sa crédibilité.
• Secteur minier
Saluant les avancées du code minier de 2018 qui renforce le contrôle de l’État sur les sociétés et rehausse la taxation des minerais, le FMI « encourage la poursuite de l’intégration des recettes minières dans la trésorerie de l’État. »
• Corruption
Les administrateurs du FMI demandent aux autorités d’accélérer l’adoption d’une loi anti-corruption et d’une loi portant sur la création d’une commission anti-corruption indépendante.
• Transparence
Le Fonds relève tout d’abord qu’un décret de 2011 « obligeant le gouvernement à publier tous les contrats miniers, pétroliers et forestiers n’a pas été pleinement appliqué ». Il ajoute que « les états financiers vérifiés de certaines entreprises d’État ne sont pas accessibles au public. Dans ce cadre les administrateurs du FMI demandent plus de transparence sur les appels d’offres publics pour les actifs miniers, ainsi que « la publication de tous les contrats miniers, la divulgation de la propriété véritable des parties contractuelles et la publication des états financiers vérifiés des entreprises d’État ».
• Gouvernance
Les recommandations du FMI à ce propos ne sont pas encore formulées, elles devraient arriver après octobre, mois durant lequel l’institution mènera une mission d’évaluation de la gouvernance, sollicitée par les autorités congolaises.
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