Les raisons de sa popularité

Publié le 22 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Sa mort nous a révélé que Yasser Arafat était plus aimé de son peuple et plus respecté dans le monde que nous ne le pensions.
Ariel Sharon ayant dit et répété qu’il aurait plaisir à le tuer, il ne faut pas s’étonner que les Palestiniens croient qu’il l’a fait empoisonner et le répètent à qui veut l’entendre.
C’est douteux, improbable. Mais les conditions matérielles dans lesquelles les Israéliens l’ont obligé à vivre depuis trois ans ont, de l’avis des médecins, détérioré la santé du « séquestré de la Mouqataa », affaibli ses défenses – et abrégé sa vie.

Arafat est mort sans avoir réalisé le but qu’il s’est assigné : un État palestinien viable et indépendant.
Il avait accumulé les revers, et ses ennemis très puissants avaient décrété qu’il était « irrelevant », hors jeu.
Pour qu’il le soit vraiment, ils l’ont assigné à résidence et ont tenté de le couper du monde, en décourageant les visites, en diabolisant son combat.
Ils n’auront réussi qu’à le rendre plus populaire, à resserrer les liens entre lui et son peuple, à lui donner l’image d’un irréductible combattant de la liberté.

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Si Ariel Sharon n’a pu cacher sa joie, si George W. Bush a été tout juste poli, si quelques Israéliens ont dansé, en revanche, sur tous les continents, on a considéré la mort de Yasser Arafat comme un événement d’importance mondiale, on a senti qu’un grand destin avait atteint son terme.
L’homme qui nous a quittés le 11 novembre 2004 n’avait pas les traits d’un vaincu. C’était un lutteur, mort au combat, et dont nul ne doute qu’il aurait poursuivi sa tâche à la tête de ses troupes jusqu’à l’objectif fixé.
Son combat était celui de David contre Goliath ; lui et son peuple se battaient contre plus forts qu’eux, et paraissaient victimes de grands méchants loups.

Ses ennemis ne cessaient de dire que, disposant des fonds de la Palestine, il était un des hommes les plus riches de la terre. Mais le monde entier constatait qu’il vivait modestement et n’avait d’intérêt que pour son combat.
Cela dit, je crois que Yasser Arafat a conquis l’amour de son peuple, le respect des gens informés – et une place dans l’Histoire – par son refus obstiné, courageux, de jouer le rôle de gouverneur d’un État palestinien croupion, que ses « partenaires » israéliens et américains ont tout fait pour lui faire accepter.

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