L’économie ne fait guère recette

Publié le 23 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Il se publie chaque année en France moins de deux mille livres consacrés à l’économie et à la gestion de l’entreprise. Une goutte d’eau dans une production totale de près de 45000 titres (chiffres de 2003).
Il y a deux décennies, certains éditeurs ont réalisé quelques belles opérations avec des ouvrages de management comme Le Prix de l’excellence (Dunod), de Tom Peters. Mais, comme le rappelle Livres Hebdo (n° 575, du 29 octobre), l’époque n’est plus aux gourous et aux grandes envolées théoriques. Dunod, Eyrolles, ESF, Village mondial, Éditions d’Organisation et les autres maisons spécialisées cherchent plutôt à répondre aux besoins immédiats du public. En gestion, c’est sur le développement personnel que porte la demande. Ainsi la « programmation neurolinguistique » (PNL), en vogue dans les années 1980, fait-elle un retour en force.
Les ouvrages pratiques répondant aux problèmes concrets de l’entreprise restent aussi un filon intéressant. De Vecchi, par exemple, a conçu une série pour les travailleurs
indépendants avec des thèmes tels que La Comptabilité facile ou Comment diriger. Sur
ce segment de marché, on trouve également les collections destinées aux étudiants.
Tout cela ne suffit pas à dynamiser un secteur qui connaît une inquiétante stagnation. Et quand quelques essais arrivent à percer, ce sont des généralistes et non les maisons spécialisées qui les publient. Cela a été notamment le cas avec La Grande Désillusion, du Prix Nobel américain Joseph Stiglitz, dont Fayard a vendu 70000 exemplaires. Seule exception, Antimanuel d’économie, de Bernard Maris, édité par Bréal, qui approche 55000 exemplaires.
Autre motif d’inquiétude, cette fois pour les professionnels de la littérature économique,
les succès exceptionnels obtenus ces dernières années par des auteurs étrangers à leur sérail. Des femmes qui plus est. Après L’Horreur économique de Viviane Forrester (Fayard)
en 1996 et Harcèlement moral de Marie-France Hirigoyen (Syros) en 2001, l’un des best-sellers de l’année 2004 sera Bonjour paresse (Michalon) de Corinne Maier (voir J.A.I. n° 2288), dont les ventes dépassent 200000 exemplaires.
Ce qui caractérise de tels ouvrages, outre le fait qu’ils expriment une contestation de la logique économique dominante, c’est leur concision: Bonjour paresse ne totalise que 120 pages.
Les éditeurs tentent de s’adapter à ce nouveau marché. Grasset a lancé une collection d’essais d’une centaine des pages, vendus à 9 euros, qui s’apparentent à des articles de revues développés. Parmi les derniers titres parus, Les Mensonges de l’économie, implacable réquisitoire du penseur américain John Kenneth Galbraith contre les excès du libéralisme.

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