La petite Française d’Al-Manar

Comment une jeune Lyonnaise est devenue présentatrice de la chaîne du Hezbollah.

Publié le 22 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Eline Briand n’aurait jamais pensé que sa « quête spirituelle » d’adolescente la mènerait jusqu’aux studios d’Al-Manar, la chaîne libanaise subventionnée par le Hezbollah. Mais, du haut de ses 21 ans, droite sous son hijab, les yeux fixes face à l’objectif, la voix claire pour présenter les dernières nouvelles du monde aux nombreux téléspectateurs libanais et arabes de la chaîne, la jeune Française semble plutôt fière de son destin atypique.
Née dans les années 1980 dans la région lyonnaise d’un père breton et d’une mère allemande, elle grandit tranquillement en cherchant petit à petit l’existence de Dieu. Ses parents, athées, n’offrent pas de réponse à l’enfant en quête d’absolu et lui refusent toute éducation religieuse tant qu’elle ne sera pas majeure. Après le catholicisme, elle se sent attirée par le bouddhisme. C’est au lycée, où elle rencontre de nombreux jeunes d’origine maghrébine, qu’elle commence à pencher pour l’islam. Elle a trouvé sa voie. Le Coran est décidément plus séduisant que la Bible, car il s’intéresse à « toi, la société, le monde », déclare-t-elle à un journaliste du Monde. Pas comme la Bible, qu’elle ne trouvait pas « claire ».
Ses parents tentent de l’éloigner de la religion, mais elle se marie à Ali, un étudiant libanais en informatique. Et se convertit à l’islam en 2002. Les jeunes époux décident de s’installer à Beyrouth en 2004 – lui pour y trouver du travail, elle pour voir du pays découvrir une autre culture. Avec un BTS tourisme en poche, elle pense pouvoir trouver un poste d’enseignante de français. Mais elle entend dire qu’Al-Manar, qui a ouvert une section en français en octobre 2002, cherche une présentatrice pour son Journal télévisé. Tests, stages : elle se prête au jeu et se retrouve parachutée, novice, devant les caméras d’une chaîne pourtant contestée dans son pays d’origine.
À la différence d’Al-Jazira, le réseau du Hezbollah doit encore passer sous les fourches Caudines du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui a jugé « intolérable » l’an dernier une série d’émissions, et devait se prononcer avant le 21 novembre sur le droit de la chaîne à continuer sa diffusion dans l’Hexagone. L’idéologie de son employeur – le Hezbollah -, les messages parfois tendancieux transmis sur les ondes de sa chaîne n’ont pas l’air de choquer trop la jeune femme. Elle ne revendique d’ailleurs pas son appartenance au mouvement politique et estime que la place de la femme dans le Coran est mal interprétée en France. De ses parents, elle n’a que peu de nouvelles. Selon elle, ils n’ont pas compris que cette aventure la rendait heureuse. Mais, au fond, elle espère quand même qu’ils la regardent.

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