Gbagbo, un autre Mugabe ?
Publié le 22 novembre 2004 Lecture : 1 minute.
Pendant plus de deux ans, les Ivoiriens se sont combattu pour rien. Nous croyions que les Soro, Ousmane, Fozié et autres étaient nos ennemis, qu’il fallait s’en débarrasser pour voir, enfin, revenir la paix. Mais non, ils restent nos frères ivoiriens. Des frères égarés et manipulés par d’obscures mains externes qui ne supportaient plus de voir notre chère Côte d’Ivoire leur filer entre les doigts. Ce samedi 6 novembre 2004 nous aura ouvert les yeux : une bavure, neuf soldats français tués, un président français en furie, la flotte aérienne ivoirienne complètement détruite, la colère des patriotes, 63 civils ivoiriens abattus par les militaires français, des milliers de blessés, puis un embargo sur les armes à destination de la Côte d’Ivoire. Les masques sont tombés. La crise n’est pas ivoiro-ivoirienne mais ivoiro-française. Il ne s’agit évidemment pas d’encourager une guerre militaire contre la France. C’est plutôt d’un combat idéologique qu’il s’agit, une volonté ferme de transformer la nature des relations entre une ancienne colonie et sa puissance coloniale. En réalité, une page de l’histoire de notre pays, peut-être même de notre continent, est en train de s’écrire. Une page qui voudrait qu’en ce début du xxie siècle, en Afrique australe et occidentale, des dirigeants de petits États africains, mis au ban de la communauté internationale, résistent à leur ancienne puissance coloniale. Les Mugabe, Gbagbo, Koulibaly, Blé Goudé… seraient-ils les pionniers de nouvelles relations de partenariat entre l’Afrique et l’Occident ? Peut-être, peut-être pas, peu importe. Arrêtons les pillages et autres violences pour nous concentrer sur l’essentiel : la mort de la Françafrique et de ses relents impérialistes. Pour cela, il est nécessaire qu’avec nos frères égarés nous nous réconcilions. Après seulement nous redescendrons dans la rue pour exiger le départ de toutes les troupes étrangères encore présentes en Côte d’Ivoire.
