Madagascar – Mgr Benjamin Ramaroson : « Nous attendons des mots forts du pape sur la question environnementale »
Mgr Benjamin Ramaroson, archevêque d’Antsiranana, au nord de Madagascar, détaille les attentes que suscite la visite du pape François.
Après une étape au Mozambique, le chef de l’Église catholique est arrivé vendredi 6 septembre à Madagascar. Il sera le 9 septembre à l’île Maurice, dernière visite éclair qui clôturera son quatrième voyage sur le continent, entamé le 4 septembre.
Jeune Afrique : Quelle était l’ambiance à Antananarivo, à quelques heures de l’arrivée du pape François ?
Mgr Benjamin Ramaroson : Il y a un véritable engouement national à Madagascar autour de la visite du successeur de l’apôtre Pierre. Dans mon archidiocèse d’Antsiranana [ex Diego-Suarez, à plus de 1100 km au nord d’Antananarivo], pas moins de 3 500 fidèles vont faire le déplacement dans la capitale pour l’occasion, malgré les difficultés de la route.
Le pape vient réconforter la foi des Malgaches
Sur quels thèmes attendez-vous le pape ?
Le pape vient réconforter la foi des Malgaches, et pas seulement des catholiques. Pour nous, l’annonce de l’Évangile passe par le développement intégral de l’Homme, sur le plan spirituel évidemment, mais aussi dans ses dimensions socio-économiques et écologiques. À Madagascar, qui est l’un des cinq pays les plus pauvres du monde, cette pauvreté n’est pas liée à un manque de richesses, mais à la corruption qui règne en maître. Il n’est pas acceptable qu’il y ait autant de gens qui se disent chrétiens à Madagascar mais que rien ne change. Nous attendons particulièrement ce que dira le pape à ce sujet.
Nous espérons aussi des mots forts du Saint-Père sur la question environnementale, thème de son encyclique Laudato Si’, alors que notre pays est particulièrement exposé en la matière. Dans mon archidiocèse d’Antsiranana, nous assistons impuissants à la destruction de la faune et de la flore endémiques, par les feux de brousse, la fabrication de charbon de bois, mais aussi en raison du trafic de bois. Nous attendons un discours fort du pape François contre cette exploitation et ces spoliations. Il y a eu des initiatives louables en matière judiciaire de la part du gouvernement, mais il faut aller plus loin. Nous espérons une justice équitable et honnête, pas une chasse aux sorcières.
Comment les responsables des autres confessions ont-ils été associés à cette visite ?
Ce voyage à Madagascar a été préparé avec le conseil œcuménique malgache (FSKM), qui rassemble les différentes Églises chrétiennes du pays, catholiques et protestantes, et qui fête ces jours-ci ses 40 années d’existence et de cheminement commun.
Les représentants des Fédérations protestantes vont dialoguer avec le pape François, ils le verront juste après sa rencontre avec les évêques catholiques malgaches. Le Saint-Père rencontrera également nos frères musulmans. D’ailleurs, pour l’anecdote, une partie du terrain où il célébrera la messe dimanche à Antananarivo est prêté par un fidèle musulman.
La visite de François est l’occasion de mettre la lumière sur le pays
Ne craignez-vous pas une récupération politique de ce voyage papal ?
Ce sera forcément une tentation. Mais nous ne nous y opposons pas, si c’est une récupération positive pour les Malgaches, c’est-à-dire si les dirigeants politiques suivent les messages du pape en faveur du bien commun.
Le président actuel, Andry Rajoelina [élu en janvier 2019], auparavant président de la transition politique de 2009 à 2014, a été l’un des premiers dirigeants politiques à rencontrer le pape François en 2013, juste après l’élection de ce dernier. Il voulait lui marquer sa dévotion.
Mais n’oublions pas que le pape a été invité par l’ancien président Héry Rajaonarimampianina [battu aux dernières élections]. Quant à Marc Ravalomanana [également candidat malheureux], il a indiqué qu’il serait présent avec les autres responsables de l’opposition lors de la rencontre du pape avec la société civile. Notons d’ailleurs que la visite de François à Madagascar est l’occasion de mettre la lumière sur le pays, dont on parle trop peu à l’international.
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