[Tribune] Gare à la colonisation numérique

Les soupçons qui pèsent sur le chinois Huawei, accusé d’aider de nombreux États africains à surveiller les opposants et à réprimer les voix dissidentes, prouve l’urgence d’ouvrir un débat démocratique pour contrecarrer les risques que font peser la colonisation numérique en cours, bien plus sournoise que la précédente vague d’invasion.

Un vendeur de téléphone portable dans le quartier commercial de Ganhi à Cotonou, au Bénin en 2016. © Gwenn Dubourthoumieu/Jeune Afrique

Un vendeur de téléphone portable dans le quartier commercial de Ganhi à Cotonou, au Bénin en 2016. © Gwenn Dubourthoumieu/Jeune Afrique

L’avocate camerounaise Julie Owono, directrice exécutive de l’ONG Internet sans frontières. © Alexandre Gouzou pour JA
  • Julie Owono

    Directrice exécutive d’Internet sans frontières, chercheuse au Berkman Klein Center for Internet and Society de l’Université d’Harvard (États-Unis).

Publié le 12 septembre 2019 Lecture : 2 minutes.

Lors du Mobile World Congress, le 28 février 2018 à Barcelone, en Espagne. © Emilio Morenatti/AP/SIPA
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La sécurité des données et des connexions internet est devenue un enjeu majeur du développement des économies africaines, synonyme de performance mais aussi de souveraineté et de consolidation de la démocratie.

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Au cœur de la guerre commerciale que les États-Unis livrent à la Chine, la saga Huawei n’en finit pas d’apporter son lot de révélations. Selon la dernière en date, l’entreprise chinoise aiderait de nombreux États d’Afrique à surveiller et à réprimer les voix dissidentes. En Ouganda, des caméras de vidéosurveillance équipées de logiciels de reconnaissance faciale et d’outils d’espionnage de smartphones, fournis par Huawei avec service après-vente, auraient permis aux autorités de déjouer des manifestations et de démanteler des réseaux mobilisés contre le régime trentenaire de Yoweri Museveni.

Ces révélations ne surprennent pas les activistes qui dénoncent depuis longtemps la guerre que mènent certains États africains contre les activités numériques de leurs opposants, avec l’aide de firmes chinoises, allemandes ou israéliennes. Les esprits avisés entrevoient déjà que les outils qui paraissent aujourd’hui si pratiques aux États se retourneront contre eux et leurs populations dans un futur pas si lointain.

Bien s’informer, mieux décider

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