Grand invité de l’économie RFI/JA – Thierry Pairault : « Ce sont les Africains qui décident en Afrique pas les Chinois »
Directeur de recherche émérite au CNRS, le spécialiste des relations sino-africaines Thierry Pairault est le Grand Invité de l’économie RFI-Jeune Afrique samedi 7 septembre sur RFI, à 12 h 10 heure de Paris, 10 h 10 TU.
Depuis une dizaine d’années, le sinologue Thierry Pairault étudie l’évolution des relations entre la Chine et le continent africain, qui est devenu, plus encore que Pékin, sa destination privilégiée. Dans l’émission diffusée samedi 7 septembre, il démonte les idées reçues qui font de l’Afrique un point de chute privilégié pour les investissements de l’empire du Milieu.
Quant à la responsabilité de Pékin dans l’endettement des États du continent, il estime qu’il revient d’abord aux dirigeants africains de faire un bon usage des financements chinois.
- Présence
« En amalgamant des données différentes, on gonfle la présence des entreprises chinoises. Il y a deux chiffres. Le premier officiel de 3000, 3500 entreprises. Le gouvernement chinois recense les entreprises qui ont demandé l’autorisation d’investir en Afrique. C’est une approche économique. Dans l’autre cas, c’est une approche sociologique. On parle de 10 000 entreprises qui ont a leur tête un dirigeants chinois. Et ce n’est pas parce que le dirigeant est chinois que l’entreprise est chinoise et encore moins qu’elle est financée avec des fonds chinois. »
- Tendances
« Les tendances ne montrent pas que la Chine investit énormément en Afrique. Mais ni plus ni moins que les autres. Tous les pays dans le monde investissent très peu en Afrique. Ce n’est pas surprenant. C’est un continent qui représente 3% du PIB mondial et 3% du commerce mondial. Pourquoi voudriez-vous qu’il constitue un ensemble d’une importance si considérable que tous les pays s’y précipite. Si aujourd’hui la Chine a une telle importance c’est parce que tout le monde investit peu. C’est un calcul en terme de rentabilité marginale. Le fait d’avoir un euro en plus, cela a un poids énorme. La Chine n’investit pas 3 % de ses investissements étrangers en Afrique. »
- Politique
« Je ne crois pas que les liens entre Pékin et les capitales africaines soient d’abord économiques. Je pense que les liens économiques qui se créent sont des liens qui vont forger des liens politiques. L’Afrique, c’est 54 pays dont 53 sont reconnus pas la Chine. Dans une assemblée comme celle l’ONU, cela correspond à un poids considérable. C’est une stratégie où l’on prête de l’argent pour créer une forme de clientélisme politique. »
- Responsabilité
« Les décideurs finaux en Afrique ne sont pas les Chinois mais bien les gouvernements africains. Ce derniers ont un choix difficile à faire. Est-ce que l’on fait beaucoup, immédiatement mais avec des réalisations de faible qualité ou on fait moins avec une durabilité des investissements plus longue. Les Chinois peuvent faire une route de bonne qualité comme une route de moindre qualité. Tout dépend de la manière dont ils vont être rémunérés. Dans ce processus les Chinois ont aussi une part de responsabilité dans la mesure où ils ne se sont pas rendus compte de la manière dont réagissaient les pays africains. »
- Japon
« Le Japon s’est toujours intéressé à l’Afrique et depuis longtemps. Ce n’est pas parce qu’il ne met pas en scène ses interventions qu’il n’était pas présent. Cela remonte aux années 1960, par exemple au Maroc. Le Ticad (forum économique entre le Japon et l’Afrique, organisé fin août) a été cependant particulièrement intéressant. Jusqu’à présent les choses étaient faites avec modération. Là d’un coup, Tokyo reprend les accusations habituellement adressées aux Chinois. : “Nous Japonais nous faisons dans la qualité et nous Japonais nous voulons faire des investissements responsables”. »
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