Durant une messe à Madagascar, le pape François s’en prend à la « culture du privilège »

Des centaines de milliers de Malgaches venus des quatre coins du pays ont rallié dimanche Antananarivo pour participer à la grand-messe du pape François.

Le pape François à son arrivée à Madagascar, le 6 septembre 2019. © Alessandra Tarantino/AP/SIPA

Le pape François à son arrivée à Madagascar, le 6 septembre 2019. © Alessandra Tarantino/AP/SIPA

Publié le 8 septembre 2019 Lecture : 2 minutes.

L’Église catholique locale attendait 800 000 personnes sur le site de « Soamandrakizay » (« Un bien pour l’éternité », en langue locale), un ancien vignoble de 60 hectares spécialement aménagé. Selon les organisateurs, l’événement a en fait rassemblé un million de fidèles.

Sur l’immense terrain, à l’extrémité de la capitale, ils ont attendu le pape sur des baches en plastique, se protégeant tant bien que mal de la poussière rouge de la terre balayée par le vent.

Il ne faut pas manipuler l’Évangile

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Malgré tout, parés de chapeaux jaunes et blanc à l’effigie du « pape des pauvres », ils ont salué avec un bonheur visible le souverain pontife, arrivé sur le site à bord d’une « papamobile » fabriquée à Madagascar.

Il ne faut pas « manipuler l’Évangile » mais « construire l’histoire dans la fraternité et la solidarité, dans le respect gratuit de la terre et de ses dons contre toute forme d’exploitation », a-t-il lancé.

Moyens immoraux

Le pape François s’en est pris notamment « à certaines pratiques qui aboutissent à la culture du privilège et de l’exclusion », critiquant tous ceux qui pensent que « la parenté devient la clé décisive et déterminante de tout ce qui est juste et bon ».

Devant la foule, le pape a souligné que les richesses ne permettaient pas forcément de se rapprocher de Dieu. Et de dénoncer « la course à l’accumulation », qui devient « étouffante et accablante », « aggravant l’égoïsme et l’utilisation de moyens immoraux ».

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Pèlerins

Dès l’aube, les routes de la capitale s’étaient remplies de Malgaches désireux d’assister à la messe. Les fidèles de tout le pays étaient arrivés ces derniers jours à Antananarivo, hébergés sous des tentes installées dans les cours des paroisses et des écoles.

Au départ de l’église d’Andravoahangy, 5 000 pèlerins ont ainsi entamé un parcours de 2 heures à pied, sous une bise froide. Au petit matin, les voies menant au lieu de rassemblement étaient noires de monde et de voitures agglutinées.

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Le « bras de Dieu »

Samedi, lors d’une rencontre avec les autorités politiques et civiles du pays, le pape avait appelé à lutter contre « la corruption et la spéculation, qui augmentent les disparités sociales », évoquant « la grande précarité », parfois « inhumaine », de la population de l’île.

Dimanche après-midi, le pape est attendu dans la cité d’Akamasoa (« Bons amis », en malgache). Son fondateur, le père Pedro, argentin comme le pape, a sorti des milliers de personnes de la misère en créant sur les immondices d’une ancienne décharge une ville de 25 000 habitants.

Figure incontournable du catholicisme à Madagascar, le père Pedro, 71 ans, y est considéré comme « le bras de Dieu » par ceux qui lui doivent une vie meilleure.

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