Zone franc : la stabilité monétaire ne suffit pas

Publié le 22 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

C’est par un grand éclat de rire que Charles Konan Banny, le gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), a accueilli la question d’un journaliste concernant la énième rumeur de dévaluation du franc CFA. La scène s’est déroulée à Paris, le 16 septembre, au siège du ministère français de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, lors de la conférence de presse qui a clôturé la réunion des ministres de la zone franc…
Après s’être excusé, le gouverneur a fermement répondu que le franc CFA est bien arrimé à l’euro (1 euro = 655,957 F CFA) et que les rumeurs de dévaluation remontent à une époque révolue. À l’en croire, il n’a donc pas été question de la parité du franc CFA au cours de cette réunion semestrielle (la prochaine se tiendra en avril 2004 à Brazzaville) qui a permis de faire le point sur la coopération financière avec la France, avant les assemblées du FMI et de la Banque mondiale à Dubaï (23-24 septembre).
Selon Francis Mer, le ministre français de l’Économie, les discussions ont porté sur la mobilisation des ressources fiscales au sein de la zone franc. Autrement dit, des droits et taxes douanières, des impôts sur les sociétés et de ceux sur les revenus. Le montant de ces ressources a été de 5 268 milliards de F CFA en 2002 dans les sous-zones de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Soit à peine 14 % du Produit intérieur brut. Pour assurer des finances publiques saines, il faudrait en mobiliser bien davantage. Comment ? Un séminaire réunissant les responsables des administrations publiques s’efforcera de répondre à la question, au début de l’année prochaine.
L’autre point fort des discussions de Bercy a porté sur la relance des investissements privés, avec l’aide de la Société financière internationale (filiale de la Banque mondiale). Pour Pierre-André Wiltzer, le ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie, cette relance est tributaire de la « sécurité juridique ». Sans elle, les hommes d’affaires ne peuvent accorder leur confiance et donc investir. Au sein de l’UEMOA, dont l’économie est dépendante à 40 % de la Côte d’Ivoire, le taux d’investissement est tombé à 16 % du PIB, moitié moins que celui de la CEMAC. Conséquence : la croissance de l’ensemble de la zone franc devrait poursuivre sa chute en 2003, avec un taux de 1,9 %, contre 2,7 % en 2002 et 4,6 % en 2001. À moins de 3 %, il est impossible d’espérer une amélioration du revenu par habitant.
Jean-Félix Mamalepot, le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), a clairement souhaité que « la Côte d’Ivoire sorte le plus rapidement possible de la crise ».
Et Konan Banny de conclure : « Notre zone de stabilité monétaire est unique en Afrique. Elle se porte fort bien et beaucoup nous l’envient. Mais ce n’est pas encore une zone de stabilité politique. Quand ce sera le cas, nous réunirons toutes les conditions d’une relance durable de la croissance économique. »

Rapport annuel de la zone franc 2002,
Secrétariat du comité monétaire de la zone franc, Banque de France, 286 pages, 23 euros.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires