Culture : Arabesques, le festival qui célèbre « l’explosion créative » du monde arabe

Confidentiel à sa naissance, le festival Arabesques de Montpellier attend plus de 200 000 visiteurs, du 10 au 22 septembre, pour sa quatorzième édition. Et témoigne de la vigueur de la scène artistique orientale.

Pyramides humaines, acrobaties et haute voltige… Le groupe acrobatique de Tanger se produira samedi 14 septembre à Montpellier. © Richard Haughton

Pyramides humaines, acrobaties et haute voltige… Le groupe acrobatique de Tanger se produira samedi 14 septembre à Montpellier. © Richard Haughton

leo_pajon

Publié le 9 septembre 2019 Lecture : 2 minutes.

« L’idée du festival, je l’ai eue un peu avant les événements du 11 septembre 2001. Mais quand les attentats se sont produits, j’ai abandonné le projet, parce que ça devenait trop compliqué de parler de culture arabe, raconte Habib Dechraoui, directeur du festival Arabesques. Et puis, j’ai compris que si j’écoutais les gens, ce ne serait jamais le bon moment. Même aujourd’hui, alors qu’il y a ce débat sur l’islamophobie, qui n’existe presque qu’en France, le contexte reste défavorable, mais je veux montrer qu’en dehors de ce qu’on ressasse sur le monde arabe, nous avons autre chose à montrer, à proposer. »

600 000 euros de budget

Le responsable de l’événement, 45 ans, a eu raison d’avoir la foi. Né à Méknès, au Maroc, mais ayant grandi dans le quartier populaire de la Paillade à Montpellier, il s’est d’abord imposé comme rappeur dans le groupe Boss Phobie, avant de s’investir dans le monde associatif et culturel avec sa structure UNi’SONS. Lors de la première édition du festival Arabesques, multidisciplinaire, il attire seulement 1 500 curieux.

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« Aujourd’hui, nous recevons plus de 200 000 visiteurs, et nous sommes présents jusque dans des petits patelins du fin fond de la Lozère ! Partout, il y a une vraie appétence pour la culture arabe  », se félicite-t-il. L’événement est devenu une grosse machine : une équipe d’une quinzaine de permanents, 110 « activistes » (le nom donné aux bénévoles), une centaine de techniciens, et un budget d’un peu moins de 600 000 euros, financé à parts presque égales par les partenaires privés, les institutions publiques et la billetterie.

Oum et Sofiane Saidi en têtes d’affiche

Du 10 au 22 septembre, le festival propose une programmation prestigieuse, et d’autant plus séduisante que la manifestation est l’une des seules à s’intéresser à ce créneau en France. Sur la trentaine de spectacles proposés, certains s’annoncent déjà exceptionnels.

Julien Jâlal Eddine Weiss avait assuré en 2014 un de ses derniers concerts avec l’ensemble Al Kindi, l’un des meilleurs interprètes de la musique arabe classique. Le groupe lui rend hommage avec le spectacle « Derviches tourneurs de Damas ». Oum, la diva soul devenue une des ambassadrices de la musique marocaine depuis son album « Zarabi » en 2015, revient sur scène avec Aziz Sahmaoui et University of Gnawa, quelques jours après la sortie de son nouveau disque, « Daba ».

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D’autres valeurs sûres retiennent l’attention : Sofiane Saidi, Marcel et Rami Khalife, le groupe algérien Gnawa diffusion, l’humoriste Le comte de Bouderbala… On regrette que la scène rap arabe, si dynamique, ne soit pas présente. « Mais elle sera au cœur d’un autre festival, « Hip hop du monde’, que je compte lancer en 2020 », promet Habib Dechraoui.

« La scène artistique arabe est explosive ! »

La profusion de talents témoigne de la vigueur de la scène orientale. « Pour faire la programmation, je voyage beaucoup, et je suis stupéfait de la quantité de créations et de leur qualité, s’enthousiasme Habib Dechraoui. Qu’il s’agisse de festival comme Beirut and Beyond, au Liban, de rendez-vous de l’industrie comme le Palestine Music Expo, ou de simples concerts dans les clubs, comme au Caire, partout, la scène artistique est explosive ! Sans doute parce que les artistes ont plus de choses à dire, à revendiquer. »

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Alors que le climat se tend, notamment en Égypte, où des réalisateurs et musiciens ont été censurés, ou au Liban où le groupe Mashrou’Leila – dont le chanteur assume publiquement son homosexualité – a vu l’un de ses concerts annulés, Montpellier offre un espace d’expression sans limite.

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