Prophylaxie anti-immigrés

500 km de clôture électrifiée à la frontière avec le Zimbabwe.

Publié le 22 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Le gouvernement botswanais jure que la clôture électrifiée de 2,4 m de haut qu’il vient d’ériger, sur 500 km, le long de la frontière avec le Zimbabwe n’est qu’une protection contre l’épidémie de fièvre aphteuse qui sévit dans le pays voisin. Mais Phelekezela Mphoko, l’ambassadeur zimbabwéen à Gaborone, n’en croit pas un mot. Pour lui, aucun doute : cette barrière ressemble à s’y méprendre au « mur construit par les Israéliens à la frontière avec les territoires palestiniens » et n’a d’autre objectif que de faire obstacle à la libre circulation des personnes. Il était parfaitement inutile, argumente-t-il, d’électrifier cette clôture pour empêcher le passage des antilopes et des buffles, principales espèces touchées par l’épidémie. D’autant que les autorités de son pays se sont résolues à procéder à l’abattage systématique des animaux sauvages, en dépit des conséquences désastreuses de l’opération sur un secteur touristique déjà dangereusement fragilisé par la politique de Mugabe (les rentrées de devises ont diminué de 85 % en trois ans). À Gaborone, les autorités affirment vouloir protéger à tout prix les exportations de viande bovine, deuxième source de revenus du pays après le diamant. En 2002, une première épidémie avait très sérieusement affecté le cheptel.
Mais la presse botswanaise n’est pas dupe. Pour elle, la construction de la clôture vise essentiellement à préserver le pays d’un afflux aussi massif qu’illégal d’immigrés zimbabwéens. À Francistown, la deuxième ville du pays, à quelques kilomètres de la frontière, lesdits clandestins sont rendus responsables de l’accroissement des vols et de la criminalité. Ils seraient entre 60 000 et 100 000. Les autorités affirment en expulser 2 500 chaque mois. Il faut dire que le Botswana, relativement riche et démocratique, fait figure d’eldorado aux yeux de Zimbabwéens confrontés à d’incessantes pénuries alimentaires, au rationnement du carburant, à une inflation avoisinant les 400 % en un an et à un taux de chômage de 70 %. La fourniture gratuite d’antirétroviraux attire également de nombreux malades du sida.
Quoi qu’il en soit, l’édification de cette clôture ne risque pas d’apaiser les tensions, déjà fort vives, entre les deux pays. Au sein de la Communauté des États de l’Afrique australe (SADC), le Botswanais Festus Mogae est en effet le seul chef d’État à critiquer publiquement la politique de Robert Mugabe, son homologue zimbabwéen.

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