Néo-coups d’État

Publié le 22 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

On l’a beaucoup dit : l’ère des coups d’État militaires est révolue ; la communauté internationale n’accepte plus qu’un président « démocratiquement élu » soit renversé par un colonel (ou un général) qui s’autoproclame président à sa place, sans autre forme de procès.
Ceux qui l’ont cru doivent déchanter, car les coups d’État – réussis ou non – continuent de ponctuer la vie politique, en Afrique (subsaharienne) tout au moins. Le tableau ci-dessous montre qu’il en intervient trois, quatre ou cinq par an depuis le début de ce nouveau siècle.
Le fait que tous ne réussissent pas ne paraît pas décourager les officiers qui se présentent comme des redresseurs de torts. On a parlé de projet de coup d’État il y a une quinzaine de jours à propos d’« IB » et de la Côte d’Ivoire (voir pages 67-69 « L’enquête » de Francis Kpatindé) ; on en parle à nouveau cette semaine à propos du coup d’État réussi en Guinée-Bissau (voir pages 12-13).

Pourquoi l’Afrique subsaharienne est-elle toujours propice aux coups d’État ? Parce qu’elle s’est engagée dans la voie démocratique il y a moins de quinze ans et n’est, par conséquent, qu’au tout début du très long chemin qui mène de l’autocratie à la démocratie.
Parce que les présidents, qu’on dit et veut croire « démocratiquement élus », sont en réalité, bien souvent, mal élus : leurs adversaires ne conviennent pas qu’ils ont été battus, le scrutin ne se conclut pas par les félicitations du ou des vaincus au vainqueur. Et la partie n’est pas considérée comme terminée.
Il arrive aussi, hélas ! que le président élu se comporte en chef de tribu ou de clan, que les siens accaparent le pouvoir et ses prébendes, s’installent aux « affaires » avec la volonté affichée de ne pas s’en laisser déloger.
Le peu de démocratie qui a pu exister s’effiloche ou bien est dévoyé.
Loin de moi l’idée de justifier les coups d’État et je ne voudrais pas paraître le faire. Je veux seulement souligner que les coups d’État frappent le plus souvent un pouvoir autoritaire, malade ou mal constitué. Et qui, d’une certaine manière, appelle le coup d’État.

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Cela observé, il faut se hâter d’ajouter que les coups d’État de ce siècle ont moins de chance de réussir que ceux du siècle dernier, et que leurs auteurs n’ont pratiquement aucun espoir de garder le pouvoir qu’ils ont conquis : ils savent que la communauté internationale, l’Union africaine et les organisations régionales, comme la CEDEAO, ne le permettent plus et, de ce fait, les putschistes du XXIe siècle ne prétendent qu’à assurer – sous contrôle – une courte transition.

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