Présidentielle en Tunisie – Mehdi Jomâa : « Il y a trop d’interférences du pouvoir actuel dans cette campagne »

À 57 ans, Mehdi Jomâa est candidat pour la première fois à une élection présidentielle, celle du dimanche 15 septembre. De sa stratégie de campagne à son programme économique, en passant par sa vision d’une diplomatie pro-active, l’ex-Premier ministre développe ses ambitions.

Mehdi Jomâa, Premier ministre tunisien de janvier 2014 à février 2015, fondateur du parti Al Badil Ettounsi. Ici à Paris, le 05 mars 2018 (image d’illustration). © Vincent Fournier/JA

Mehdi Jomâa, Premier ministre tunisien de janvier 2014 à février 2015, fondateur du parti Al Badil Ettounsi. Ici à Paris, le 05 mars 2018 (image d’illustration). © Vincent Fournier/JA

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Publié le 10 septembre 2019 Lecture : 7 minutes.

Mehdi Jomâa a longtemps hésité avant de se lancer en politique, un univers dont il ne goûte guère les pratiques nébuleuses. Les Tunisiens gardent plutôt un bon souvenir de lui : en un an seulement, entre janvier 2014 et janvier 2015, il a su organiser des élections législatives et présidentielle exemplaires, alors que le pays était au bord de l’implosion. Et laissé l’image d’un Premier ministre pondéré, dynamique, avec les idées claires, qui n’a jamais cédé aux querelles politiques ni aux foucades du président de l’époque, Moncef Marzouki.

Le natif de Mahdia a ensuite lancé un think tank en 2016, qui s’est transformé un an plus tard en parti (Al Badil Ettounsi, Tunisie Alternatives en français). Cet ingénieur de formation, ancien directeur de la division aéronautique et défense de Hutchinson, filiale du français Total, bénéficie d’une certaine virginité au sein d’une sphère politique décriée, tout en pouvant se prévaloir d’une véritable expérience de la chose publique et de la gestion des affaires de l’État (il était ministre de l’Industrie avant d’être nommé à la primature).

Mehdi Jomâa entend donc incarner une autre voie au cours de ce scrutin crucial : ni de droite ni de gauche, ni « ancien système » ni « anti-système ». Pour mieux cerner ses ambitions et ses propositions, nous l’avons rencontré mercredi 4 septembre, en fin de matinée, à son domicile tunisois, dans le quartier de Mutuelleville. Entretien.

Jeune Afrique : La campagne présidentielle a débuté lundi 2 septembre dans des circonstances particulières, notamment après la modification du calendrier électoral initial et l’arrestation de l’un des candidats favoris dans les sondages, Nabil Karoui. Comment la vivez-vous ?

Mehdi Jomâa : J’aurais effectivement souhaité une atmosphère beaucoup plus sereine et propice au débat démocratique. Le contexte actuel ne peut permettre aux électeurs de pouvoir faire preuve de discernement, et aux candidats d’exposer leurs projets avec clarté. Nous constatons en outre qu’il y a trop d’interférences du pouvoir actuel dans cette campagne. L’administration et la justice sont-elles neutres ? Beaucoup en doutent… Or, le doute n’est pas permis en matière de transparence et d’équité d’une élection.

Quel type de président souhaiteriez-vous être ?

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Sur la scène politique actuelle, deux grandes tendances s’affrontent : l’ancien système et l’anti-système. Moi, je suis le nouveau système. Je serai donc un président moderne, qui construit sur les fondamentaux de notre pays que sont l’éducation, l’ouverture et les droits de la femme, que je défendrai bec et ongles.

J’instaurerai un véritable État de droit, fondé sur les libertés, mais aussi sur le respect de la loi par tout le monde. Un président, enfin, capable de parler d’investissements et de pouvoir les drainer, de promouvoir l’image de la Tunisie, de faciliter l’initiative des jeunes dans un monde qui change à grande vitesse, notamment grâce à la révolution digitale. Un président, en somme, qui se soucie véritablement de l’avenir de notre nation.

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