Cameroun : Paul Biya brise le silence pour un discours surprise ce mardi soir
La présidence camerounaise a annoncé que Paul Biya prendra la parole, ce mardi soir. Un discours rare, pour le chef de l’État camerounais, dont le sujet – non annoncé – fait l’objet de multiples rumeurs et spéculations.
Paul Biya s’adressera à la nation dans un discours qui sera « radio-télévisée ce mardi 10 septembre à 20 heures », a annoncé le directeur du cabinet civil de la présidence, Samuel Mvondo Ayolo, par le biais d’un communiqué laconique d’une simple phrase.
Cette prise de parole, en dehors des traditionnelles allocutions des 31 décembre et 10 février, surprend de la part du locataire du palais d’Étoudi, réputé grand adepte du secret et de la discrétion, et s’imposant pour règle un quasi silence médiatique.
Flot de rumeurs
Dans ce contexte, l’annonce de la prise de parole présidentielle n’a donc pas manqué de faire naître son lot de rumeurs, certains allant même jusqu’à évoquer l’idée que Paul Biya s’apprêterait, 37 ans après être arrivé au pouvoir, à inscrire ses pas dans ceux de son prédécesseur, Ahmadou Ahidjo, qui lui céda son fauteuil au cours d’un discours encore moins attendue en 1982.
Moins hautement spéculatif, la thèse d’un discours portant sur les différentes crises socio-politiques qui secouent le pays a la faveur de nombre d’observateurs, en particulier la crise anglophone. Depuis quelques semaines, en effet, les lignes semblent bouger dans la concertation en cours entre les acteurs du conflit en zone anglophone.
Crise anglophone
Pour la première fois depuis l’annonce de « l’imminence » d’un dialogue sur la question anglophone, faite par le Premier ministre Joseph Dion Ngute en avril dernier, des rencontres de haut niveau se sont succédé à l’Immeuble Etoile, siège des services de la primature.
Après le passage au Cameroun, fin juillet, des responsables du département fédéral des affaires étrangères (DFAE) – l’organisme qui pilote la médiation suisse -, le Premier ministre a reçu début septembre le cardinal Tumi, initiateur de l’Anglophone General Conference (AGC), et François Lounçeny Fall, le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique centrale.
Dion Ngute – qui, selon nos sources concordantes, aurait reçu carte blanche pour œuvrer à la sortie de crise -, a pour sa part été reçu à son tour par Paul Biya, la semaine dernière, au cours d’une audience peu habituelle au palais d’Étoudi.
Attentes mesurées
« La question anglophone pourra être l’un des sujets phare de la communication présidentielle au regard de l’actualité politique actuelle », avance prudemment l’Opposant Emmanuel Ntonga du Social Democratic Front (SDF), qui estime néanmoins par avance « qu’il n’y a rien à attendre de ce discours » car « Biya est le responsable de l’enlisement ».
« Le seul problème prégnant est la sécession des anglophones », explique de son côté l’économiste Dieudonné Essomba. « Toutes les initiatives prises par le gouvernement se sont soldés par les échecs et on ne voit pas très bien comment on peut sortir de cette situation sans de véritables mesures politiques », ajoute-t-il évoquant « une crise de l’État ».
Dans le camp sécessionniste, certains n’hésitent pas à pointer la proximité entre la date choisie par Paul Biya pour ce discours exceptionnel et le début de l’assemblée générale des Nations unies, le 17 septembre prochain. « Paul Biya veut probablement faire des promesses dans le but de faire baisser la pression qui pourrait venir de New-York », estime notamment l’activiste « ambazonien » Mark Bareta.
Il faudra attendre ce mardi soir, à 20h, pour en avoir le cœur net.
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