Violences xénophobes en Afrique du Sud : « Pour l’UA, c’est une crise sécuritaire à l’échelle du continent »

La vague de violences xénophobes que connaît l’Afrique du Sud a entraîné des réactions en cascade des pays africains, le Nigeria en tête. Jusqu’où pourrait aller cette riposte diplomatique ? L’analyste Liesl Louw-Vaudran revient pour Jeune Afrique sur les implications de ces incidents sur l’image de la nation arc-en-ciel.

Des résidents protestent dans les rues de Johannesburg, le 8 septembre 2019. © AP/SIPA

Des résidents protestent dans les rues de Johannesburg, le 8 septembre 2019. © AP/SIPA

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Publié le 11 septembre 2019 Lecture : 5 minutes.

Craignant pour leur vie, ils sont plusieurs centaines à se préparer à quitter le pays. Plus de 600 Nigérians se seraient déclarés candidats au départ et 320 d’entre eux seront rapatriés ce mercredi par la compagnie aérienne privée nigérianne Air Peace. Après une brève accalmie, les violences xénophobes ont repris cette semaine en Afrique du Sud.

Depuis les premières attaques, visant principalement des habitants et des commerçants africains – estimés à près de 2 millions dans le pays -, elles auraient déjà fait une dizaine de morts et de nombreux blessés. Ces incidents ont suscité une vague d’outrages sur le continent, et principalement au Nigeria, où des actions de représailles contre les intérêts sud-africains ont même été observées.

Pour des raisons de sécurité, le géant des télécoms MTN a été forcé de fermer ses enseignes dans le pays, et Pretoria s’est vue contraint de fermer son ambassade à Abuja et son consulat à Lagos – qui devraient cependant rouvrir bientôt. Parallèlement, le Nigeria rappelait son ambassadeur à Lagos et renonçait à participer au Forum économique mondial qui s’est ouvert au Cap le 4 septembre.

Partenaire économique stratégique pour l’Afrique du Sud, le Nigeria, où opèrent plusieurs centaines de groupes sud-africains, est aussi son principal rival sur la scène diplomatique du continent. Sous son influence, les attaques contre les étrangers qui ont choqué l’Afrique entière pourraient écorner l’image de l’Afrique du Sud et fragiliser son influence diplomatique, explique Liesl Louw-Vaudran.

Jeune Afrique : En 2008, puis en 2015, l’Afrique du Sud avait déjà été touchée par des vagues de violences xénophobes meurtrières comparables à celle qui sévit aujourd’hui. Elles avaient alors, déjà, entraîné des réactions de la part de plusieurs pays africains. Mais la fermeté du Nigeria, aujourd’hui, semble inédite. Ses ressortissants sont-ils plus touchés par les violences que les autres ?

Liesl Louw-Vaudran : Les Nigérians ne représentent pas la première catégorie de migrants en Afrique du Sud. Ils sont loin derrière les Zimbabwéens et les Mozambicains, notamment. Mais ils pâtissent de clichés négatifs dans le pays, les assimilant à des trafiquants de drogues, à des criminels.

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Après les attaques, de nombreuses vidéos faisant état d’attaques ciblées contre des Nigérians, parfois mensongères, ont essaimé sur les réseaux sociaux. Cette désinformation – sans minimiser l’ampleur des violences –  a véritablement enflammé les grandes villes du Nigeria. Les populations sont sorties manifester devant les enseignes sud-africains (Shoprite, MTN) et les consulats, forçant la classe politique à réagir.

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