Mandari-Benjelloun : le piège parfait

Publié le 22 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Est-ce la fin de l’aventure pour Hicham Mandari ? Ce citoyen marocain de 37 ans,
particulièrement sulfureux, qui s’est longtemps fait passer pour un « conseiller spécial »
du défunt roi Hassan II avant d’être incarcéré aux États-Unis en 1999, puis expulsé vers
la France en mai 2002 où il a été écroué dans le cadre de l’affaire dite des faux dinars
de Bahreïn et remis en liberté, a été de nouveau interpellé le 18 septembre à Paris dans
des circonstances rocambolesques. Sa victime, dont le dépôt de plainte a permis à la
police judiciaire française d’agir, est « un homme d’affaires marocain » dont l’identité, à sa demande, n’a pas été révélée par son avocat, l’ancien bâtonnier de Casablanca, Me Mohamed Naciri. Selon nos informations, il s’agit d’une personnalité de premier plan du paysage économique et financier du royaume : Othman Benjelloun, 70 ans, PDG de Finance.com, un groupe présent dans les assurances, les télécoms, l’automobile et, surtout, la banque (BMCE Bank, premier établissement financier privé du Maroc).
Si l’on en croit sa déposition, Othman Benjelloun faisait depuis quelques mois l’objet d’une tentative de chantage et d’extorsion de fonds de la part de Mandari et de ses complices chantage auquel il a partiellement cédé. Menacé de « révélations » sur sa vie professionnelle, mais aussi menacé physiquement ainsi que sa famille, le flamboyant homme d’affaires a en effet versé une partie de la rançon exigée (le total porte sur 5 millions d’euros). Avant de se raviser et de concocter, avec la Brigade de recherche et
d’investigations financières (BRIF) de Paris, le traquenard dans lequel est tombé Hicham Mandari.
Le versement du solde de la rançon devait en principe avoir lieu à Madrid le 16 septembre. Pour que le piège fonctionne, il fallait que l’opération ait lieu à Paris. Accepté par un Mandari peu méfiant, un nouveau rendez-vous a donc été fixé par Benjelloun dans la capitale française le jeudi 18 à 10 heures au bar de l’hôtel de Vendôme, dans le 1er arrondissement. Arrivé à 10 h 30 à bord d’une Mercedes haut de gamme en compagnie de ses gardes du corps et après avoir longuement observé les lieux, Mandari, protégé en permanence par un gilet pare-balles, s’est dirigé vers le lieu convenu où l’attendait Benjelloun lequel avait posé à ses côtés une mallette bourrée de papier journal. C’est à ce moment que les policiers français, dissimulés dans le hall de l’hôtel, sont intervenus en force et en flagrant délit : ni Mandari ni ses gardes du corps n’ont opposé de résistance. Une perquisition effectuée dans la foulée à l’hôtel Costes tout proche, où le maître-chanteur résidait sous le nom de l’un de ses agents de sécurité, aurait permis à la PJ de mettre la main sur une bonne partie de la rançon déjà versée (1,5 million d’euros en espèces, Mandari refusant d’être payé en dollars).
Hicham Mandari, qui a fondé il y a quelques mois à Paris et à Londres une fantomatique
« Association des Marocains libres », dont le but était d’obliger le roi Mohammed VI à abdiquer rien de moins , expliquera peut-être aux enquêteurs qu’il comptait par là financer ses activités politiques. Ces derniers, qui avaient depuis quelque temps placé ses téléphones cellulaires (sur lesquels il ne s’exprimait curieusement qu’en anglais) sur écoute, auront bien du mal à le croire. Quant aux autorités marocaines, elles comptent
d’ores et déjà demander à la France l’extradition du pseudo-« conseiller spécial ».

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