Le coton et le mépris
Publié le 22 septembre 2003 Lecture : 1 minute.
Le coton est resté en travers de la gorge des pays en développement. Cette plante qui procure un textile apprécié est une culture particulièrement adaptée à l’Afrique pour des raisons climatiques et humaines. Selon certaines statistiques, la tonne de coton y est
produite pour un coût de 90 dollars. Cet « or blanc » fait vivre des millions de personnes au Bénin, au Burkina Faso, au Mali et au Tchad, dont il assure près de 30 % des exportations.
On aurait pu croire que le Nord aurait laissé ce rare avantage à l’Afrique subsaharienne, qui n’en possède pas tant. Pas du tout l’Amérique distribue à ses quelques milliers de planteurs de coton, qui ont un coût à la tonne de 135 dollars, la bagatelle de 3 milliards de dollars par an. L’Union européenne, qui n’est pas le continent le plus
adapté pour cette culture, donne 979 millions de dollars par an aux planteurs espagnols et grecs. Résultat : la surproduction a fait chuter les cours mondiaux autour de 70 dollars, ce qui empêche tout le monde d’en vivre… sauf subventions.
Les quatre États cotonniers d’Afrique de l’Ouest (le G4) ont donc soumis à l’OMC, à Genève d’abord et à Cancún ensuite, une « initiative sectorielle en faveur du coton afin
de lutter contre la pauvreté », dans laquelle ils demandent la suppression totale des subventions et l’octroi d’une indemnisation financière à leurs pays qui en font les frais. Le Mali n’a-t-il pas reçu, en 2001, 38 millions de dollars d’aides des États-Unis, alors que les subventions au coton américain lui faisaient perdre 43 millions de dollars d’exportations ?
Le refus de discuter de cette proposition et le conseil donné au G4 par Robert Zoellik, représentant américain pour le commerce, d’en parler avec la Banque mondiale et le FMI ont été vécus par toute l’Afrique comme « une gifle » et une preuve supplémentaire « du mépris permanent » affiché par les pays du Nord. Ce qui n’a pas peu contribué au « non » formulé à Cancún par le Sud.
