Le chiffre qui tue

Publié le 22 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Un petit croquis vaut mieux qu’un long discours, disait Toutankhamon… (Le rédacteur en chef me fait remarquer qu’il s’agit d’une phrase de Napoléon. Je sais, je sais ! Mais l’expérience montre que toute attribution d’un mot fameux à un personnage historique provoque une avalanche de lettres érudites démontrant que ladite phrase fut prononcée, des années ou même des siècles avant, par un autre quidam. Vous n’avez pas plus tôt publié un rectificatif – « Il s’agissait, bien sûr, de Bossuet » – qu’un raz-de-marée furieux déferle. Bossuet ? Mais vous êtes nuls ! Ibn Sina l’a dit mille ans avant lui ! Contrit, vous réattribuez la phrase – qui commence à vous sortir par les naseaux – à Ibn Sina, et vous avez tout juste le temps d’éviter le tombereau de missives courroucées qui dégringole dans la boîte aux lettres. Qu’est-ce que c’est que ce farceur d’Ibn Sina ? Tout le monde sait que l’aphorisme se trouvait déjà dans la Bible ou les hadiths du Prophète ou le Rig-Veda des hindous. Bref, j’ai décidé de toujours tout attribuer à Toutankhamon et de m’en tenir là.)

Donc, un petit croquis… Mais il y a mieux encore qu’un croquis : deux chiffres. Deux chiffres tout bêtes mais dont la simple juxtaposition plonge l’honnête homme dans des abîmes de réflexion. Jugez-en :
Combien de soldats américains furent-ils tués pendant les deux premières années de la guerre du Vietnam (en 1963 et 1964) ? 324. Combien sont morts au cours des deux premières années d’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak ? 354. En quelle année Rumsfeld, le ministre américain de la Défense, cherche-t-il activement à tuer Saddam ? 2003. En quelle année lui offrit-il des éperons en or ? 1983. Trésor de guerre amassé en 1991 par George Bush senior en vue de sa réélection : 0 dollar. Fonds réunis jusqu’ici par son fils pour le même but : 70 millions de dollars. Et pour finir, deux chiffres rafraîchissants. Produit national brut du Liberia l’an dernier : 500 millions de dollars. Somme consacrée la même année par les Américains à l’achat de skis : 500 millions de dollars.

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On peut en conclure que la clique d’extrême droite qui règne à Washington est plus aveugle, plus cynique et plus riche que jamais. Et qu’elle n’a jamais autant profité des sports d’hiver…

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