Kumba « Ubu » Yala

Publié le 22 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Panache ? Légèreté ? Kumba Yala, président bissauguinéen, élu démocratiquement en 2000, ne fait décidément rien comme le commun des chefs d’État. Renversé par l’armée le 14 septembre, il a décidé, trois jours plus tard, de démissionner de son poste en souhaitant un retour rapide des troupes dans les casernes. Hormis un cercle restreint de proches, nul ne regrettera le président déchu, au mandat si chaotique caractérisé par des décisions aussi surprenantes que catastrophiques. Attendu comme le messie, celui dont l’élection a mis fin à une transition née d’une mutinerie militaire, en 1998, contre son prédécesseur João Bernardo Vieira, gérera le pays au gré de ses humeurs, nommant et limogeant hauts commis de l’État et officiers supérieurs, violant allègrement les lois et la Constitution, jetant en prison hommes politiques et militants des droits de l’homme, Kumba Yala, 50 ans, ne sera certainement pas pleuré par ses concitoyens. En un peu plus de trois ans, il aura usé trois Premiers ministres, procédé à un nombre invraisemblable de remaniements ministériels et de nominations à la tête de la haute administration, bouleversé la hiérarchie militaire – il a récemment promu une trentaine d’officiers généraux, pour la plupart issus de son ethnie, les Balantes, qui ne sont pas les derniers à applaudir son départ.
Issu d’une famille modeste, le jeune Kumba Yala est pris en charge par des missionnaires portugais qui lui dénichent une bourse pour suivre à Lisbonne des études théologiques. Arrivé dans la capitale portugaise, il change d’avis et s’inscrit en philosophie. Il milite alors au sein du Parti africain pour l’indépendance de Guinée et du Cap-Vert (PAIGC, parti unique au pouvoir) et revient au pays, en 1982, pour enseigner dans un lycée de la capitale. Très vite, il estime que le PAIGC et ses militants analphabètes ne le méritent pas. Il les quitte et crée, en 1992, le Parti de la révolution sociale (PRS) à la suite de l’introduction du multipartisme. Deux ans plus tard, il se présente à la présidentielle et oblige le chef de l’État sortant à un second tour en obtenant le score honorable de 48 %. En 2000, il prend sa revanche et devient le deuxième président de Guinée-Bissau élu au suffrage universel.

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