Intox, mensonges et ADM

Les scientifiques irakiens continuent de nier l’existence d’armes de destruction massive. Tout indique aujourd’hui qu’ils disent vrai.

Publié le 22 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

«J’en viens de plus en plus à la conclusion que l’Irak avait, comme il l’a soutenu, détruit quasiment tout ce qu’il possédait à l’été 1991 », a déclaré, le 17 septembre, Hans Blix, ancien chef des inspecteurs en désarmement des Nations unies. Saddam Hussein aurait fait croire le contraire pour échapper à une attaque américaine. Le quotidien britannique Financial Times rapporte, de son côté, dans son édition du 15 septembre, que les États-Unis en sont arrivés à offrir l’impunité aux scientifiques irakiens pour tenter d’obtenir des preuves de la présence d’armes de destruction massive (ADM) dans le pays.
Mais ceux qui ont accepté de parler n’abondent pas dans le sens de la Maison Blanche. Au contraire. « Je ne vois pas comment nous aurions pu construire une bombe nucléaire en quelques mois quand nous devions mendier pour nous procurer le moindre tournevis », déclare, sous couvert d’anonymat, l’ancien responsable d’un programme d’armement irakien. Avant la défection de son chef, Hussein Kamel, en 1995, lui et ses collègues avaient pour instruction de ne rien révéler aux inspecteurs. Après cette date, les chercheurs ont été « priés » de dire la vérité. À en croire ce témoin, toutes les armes auraient été détruites après la première guerre du Golfe, en 1991. Et les programmes n’auraient jamais été relancés. Pendant sept ans, donc, les scientifiques irakiens auraient prêché dans le désert. De fait, les inspecteurs de l’ONU en Irak, dont la mission a été interrompue par la guerre, n’ont jamais découvert la moindre trace d’armes nucléaires, chimiques ou biologiques.
En juillet 2002, Khidir Hamza, ancien scientifique irakien rallié aux États-Unis en 1994, avait déclaré aux autorités américaines que l’Irak était « en phase finale de fabrication de la bombe nucléaire ». Commentaire d’un de ses ex-collègues, toujours sous couvert d’anonymat : « Pour tout vous dire, nous sommes tous persuadés que ces scientifiques déserteurs ont dit ce que les Américains voulaient les entendre dire. » De retour à Bagdad, Khidir Hamza est resté injoignable.
Les scientifiques irakiens se plaisent à croire que certains de leurs anciens confrères ont exagéré leur importance et la portée de leurs informations pour devenir des candidats à l’asile politique plus séduisants aux yeux de l’Amérique. La CIA a ouvert une enquête pour tenter de démasquer d’éventuels affabulateurs parmi leurs anciens collaborateurs irakiens. Sur le terrain, les inspecteurs américains, qui n’ont pas souhaité être rejoints par les experts de l’ONU, travaillent d’arrache-pied depuis le mois d’avril pour tenter de mettre au jour l’arsenal au nom duquel la coalition américano- britannique a attaqué l’Irak. Et s’apprêtent à publier un rapport très attendu. « Plus le temps passe, a déclaré Hans Blix, plus je juge improbable que quoi que ce soit sera trouvé. » La population irakienne, elle, a bel et bien découvert… les armes de destruction massive américaines.

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