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Publié le 22 septembre 2003 Lecture : 5 minutes.

Même si le serpent…
Les ennemis de la Côte d’Ivoire ne désarment pas. La France vient d’éventer une tentative de déstabilisation qui serait l’oeuvre de mercenaires européens et africains. Parmi les suspects, il y a le sergent-chef « IB » (Ibrahim Coulibaly) qui exprimait il y a quelque temps son désir de rentrer au pays à la faveur de l’amnistie votée par l’Assemblée nationale. Que veulent-ils ? Le président Laurent Gbagbo s’est fait violence en acceptant un Premier ministre et un gouvernement de réconciliation nationale imposés par les accords de Marcoussis. Il s’est résolu à déclarer la fin de la guerre alors que les rebelles rechignaient à déposer les armes coupant du coup le pays en deux parties. Le président de la République a avalé beaucoup de couleuvres dans le seul souci d’apaiser les Ivoiriens et de favoriser la reprise des activités économiques sur toute l’étendue du pays. Mais, si ses concessions ne sont pas couronnées de succès, ses partisans ne vont-ils pas le pousser à la guerre ? Il y a un proverbe de chez moi qui dit ceci : « Même si le serpent n’est pas venimeux, évitez de le porter à votre cou.

Ni pour le voile ni pour la nudité
Le voile et la nudité sont en apparence opposés. En réalité, ils évoquent tous deux la soumission de la femme à l’homme. Il s’agit d’un problème de sexe. C’est parce que la femme musulmane est confrontée au monde masculin qu’elle doit porter le voile. C’est une contrainte révolue, prétendument justifiée par la dignité et les racines sociales. Quant à la nudité, elle vise à séduire l’homme. Mais la femme nue devient ainsi un objet de commerce. Lorsque la femme use de sa nudité pour exercer sa puissance de séduction, elle oublie qu’elle devient plus vulnérable. La vraie femme ne se remarque ni par son voile ni par sa nudité, mais plutôt par sa liberté intérieure qui ne la différencie en aucun cas et à aucun moment de l’homme.

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Le désir de la femme
Lectrice régulière de votre journal, j’aimerais émettre deux objections face à votre débat de l’été : « Faut-il lever le voile ? » (J.A.I. n° 2222-2223). La première relève de l’objectivité du reportage. En effet, comment voulez-vous lancer un débat honnête sur la base d’un choix photographique faussé : sur quatre duos de photos, un seul propose la photo d’une femme occidentale ordinaire, le reste met en parallèle des femmes musulmanes face à des top-modèles célèbres.
Deuxièmement, vous parlez de débat, mais ne donnez la parole qu’à deux journalistes masculins. Il me semble que le voile, c’est la femme qui le porte et non l’homme. Alors, à elle de dire si elle désire le porter, si elle trouve cela plus charmant, plus décent. À mon avis, le voile n’est pas un désir de femme mais une volonté de l’homme, sans doute pour démontrer la toute-puissance du sexe soi-disant fort.

Un voile nommé détresse
Oui, le voile a tendance à revenir en Tunisie et il faut un certain courage physique et moral pour le porter pendant l’été (voir J.A.I. n° 2220). Il arrive aussi que certaines femmes chic se couvrent de la tête aux pieds avec une sorte de burnous de soirée. Alors où est le mal ?
En vérité, aucun vêtement, surtout féminin, n’est neutre ou innocent. Mais le voile aujourd’hui possède une « charge » plus forte. En ces temps de conflits (Palestine, Irak), c’est, pour certaines, un voile de solidarité avec le monde arabo-musulman. Pour d’autres, c’est un voile refuge, un voile abri, un voile protestataire, un voile détresse. En Tunisie, l’islam authentique (pas l’autre) demeure la valeur essentielle d’une société aux prises avec un modernisme qui passe résolument à la vitesse supérieure, Europe oblige… Une société qui, grâce aux satellites, vit intensément les événements extérieurs qui la dépassent et qui dépassent même le modèle tunisien fondé sur le dialogue et le bon sens. Une société où le voile coexiste pacifiquement avec le jean et même avec le topless (monokini) importé sur certaines plages !
Aucun danger donc – du moins à l’heure actuelle – pour le mouvement d’émancipation de la femme tunisienne lancé il y a presque un demi-siècle et qui en a vu bien d’autres ! Mais si l’on dénigre ou l’on s’oppose à ce prétendu « phénomène » du voile, qui n’a pas encore vraiment pris de l’ampleur, alors là il y aura danger. Pour le moment, cette tendance islamique, modérée, ouverte et tolérante est respectable. Encore faut-il bien la comprendre. Et ne pas la forcer, en la combattant, à dévier vers l’extrême.

Amalgame congolais
Mon compagnon vient de la République du Congo (Brazzaville). Vous citez dans l’article « Vaccin » que le virus Ebola a tué 128 personnes en RDC ! Or il s’agit de la région de Kellé qui se trouve en au Congo-Brazza et non en RDC (République démocratique du Congo). La République du Congo, qui se remet tout doucement de ses blessures, souffre de cet amalgame plus que vous ne le pensez.

Réponse : Effectivement, vous avez raison. Avec nos excuses.

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Échec prévisible
L’échec du sommet de l’Organisation mondiale du commerce ne m’a pas surpris. Un proverbe africain dit : « On ne peut pas coiffer quelqu’un en son absence. » Or les paysans africains étaient absents de Cancún. Les pays riches ont fait fi des revendications timidement exprimées par quelques représentants des pays pauvres.

Présence militaire en Centrafrique
Dans le numéro 2221, du 3 au 9 août 2003, en page 8, une note confidentielle sur la France qui « met le paquet en Centrafrique » m’a mis la puce à l’oreille. La décision de fermer les bases militaires françaises en Centrafrique a-t-elle été prise par le gouvernement français ou par l’ancien président Ange-Félix Patassé ? Franchement, je serais heureux de recevoir des éclaircissements utiles pour enrichir ma culture générale.

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Réponse : La décision a été prise en mars 1998 par les autorités françaises. Elle portait sur le redéploiement des bases militaires françaises dans le monde. La fermeture de certaines bases, y compris celles de Centrafrique, visait à réduire le budget militaire de la France. Plusieurs ouvrages traitent de ce sujet. Nous citons, entre autres, les deux ouvrages suivants : La Coopération militaire française en question, de Belkacem Elomari, Observatoire des transferts d’armements (2001, 112 p.) et La France militaire et l’Afrique. Coopération et interventions : un état des lieux, de André Dumoulin, GRIP-Complexe, Bruxelles (1997, 125 p.). Par ailleurs, vous pouvez consulter quelques sites sur Internet, notamment :
www.ambafrancecf.org/
pays.html ;
www.reseauvoltaire.net/rubrique254.
html ;
www.rfi.fr/fichiers/mfi/
politiquediplomatie/769.as ;
www.survie-france.org/
article.php3?id_article=312 ;
www.conflits-actuels.com/
article.php ?id_article=222

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