Déby en quête de crédit
Publié le 22 septembre 2003 Lecture : 1 minute.
Le président tchadien Idriss Déby a effectué une visite d’État en France, du 17 au 20 septembre. Durant son séjour, il a dîné avec Dominique de Villepin au Quai d’Orsay, rencontré les patrons lors d’une réunion au MEDEF, déjeuné avec Jacques Chirac à l’Élysée et rendu visite à Pierre-André Wiltzer, Rue Monsieur.
Le dernier séjour de Déby dans la capitale française remonte à juillet, et il n’avait rien de protocolaire. Le président tchadien avait été alors admis à l’hôpital américain de Neuilly pour une méchante colopathie (c’est du moins la version tchadienne), laquelle avait provoqué chez le patient un malaise en plein sommet de l’Union africaine, le 11 juillet à Maputo. Le voyage officiel à Paris n’est-il qu’un prétexte pour permettre à Déby de revoir discrètement son médecin traitant ? Rien n’est moins sûr. Cette visite était prévue de longue date et avait été préparée par l’ancien chef de la diplomatie, Mahamet Salah Annadif (remplacé depuis par l’ex-Premier ministre Nagoum Yamassoum). Elle fait suite à une invitation lancée par le président français lors d’une escale à N’Djamena, en septembre 2002. Il est vrai que Français et Tchadiens ont beaucoup à se dire. Avec la mise en route de l’exploitation des champs pétrolifères de Doba (220 km au sud-est de N’Djamena), le Tchad a vu son poids dans la région croître de manière significative. Mais pas seulement grâce aux revenus pétroliers (100 millions de dollars annuels durant les deux prochaines décennies). Déby a gagné sa guerre contre la rébellion nordiste, réussi à neutraliser l’opposition interne, confirmé son indépendance à l’égard du puissant voisin libyen et s’est forgé la réputation d’un gendarme régional en imposant au pouvoir le général François Bozizé en Centrafrique et en parrainant les accords de paix entre Khartoum et les sécessionnistes du Darfour.
Si le Déby qui a été reçu à Paris est un homme malade, il l’est beaucoup moins qu’on le pense.
