Ali Debaya

Administrateur judiciaire du groupe Batam

Publié le 22 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique/L’intelligent : On vous surnomme le « sauveur » de Batam. Comment le prenez-vous ?
Ali Debaya : Franchement, le véritable sauveur est le président de la République. C’est lui qui a, dès le début, fixé les orientations pour la conception et la mise en place d’un programme de redressement. Son objectif était de préserver le maximum d’emplois, les équilibres financiers des banques, et d’éviter que les créanciers ne subissent les contrecoups d’une liquidation. À partir de là, tout a été plus facile, surtout que nous avons bénéficié, dès le début, de l’appui du gouverneur de la Banque centrale.
J.A.I. : À l’exception d’un investisseur franco-tunisien, ce sont en fait les créanciers qui ont repris Hela-Batam et Bonprix. Sont-elles maintenant des affaires viables ?
A.D. : Les repreneurs ont de bonnes raisons pour jouer un double rôle d’actionnaires d’une part et de fournisseurs d’autre part… Surtout, la structure du capital de Hela-Batam ne devrait pas rester figée. Rien n’empêche qu’un partenaire, probablement étranger, y fasse son entrée. Dans cette perspective, un nouveau rapprochement avec Bonprix dans le cadre d’un holding reste possible. Certains actionnaires, au début réticents à entrer dans le capital, sont maintenant demandeurs et négocient pour racheter les parts des banques et des petits porteurs. Ils ne le feraient pas s’ils n’étaient pas convaincus que le programme de redressement a des chances d’aboutir et sera en mesure de dégager des plus-values.
J.A.I. : Dans les pays émergents, on choisit souvent de redresser au lieu de liquider. Pourquoi ?
A.D. : Dans les pays en développement, le tissu économique est tellement fragile, la classe des entrepreneurs tellement restreinte et les possibilités d’investissement si rares qu’on ne peut s’offrir le luxe de liquider à tout bout de champ. Sans oublier l’impact sur l’emploi. Pour ce qui est de Batam, les pertes financières auraient été immenses pour les banques et irrémédiables pour plusieurs fournisseurs. Le sauvetage a été réellement fait au moindre coût pour tous.
J.A.I. : Comment éviter de telles crises ?
A.D. : Les économies modernes s’accommodent très peu des entreprises fermées et familiales. Le développement du marché financier et d’un large actionnariat peut être le garant d’une certaine transparence. Mais au cas où les entreprises rechignent à ouvrir leur capital, comme cela a été le cas dans l’ex-groupe Batam, une condition doit être toujours respectée : le financement sain non seulement du haut de bilan, mais aussi de l’activité courante… Il est rare que les difficultés de l’entreprise proviennent d’une erreur du concept commercial. Mais il est prouvé que la mauvaise structure financière et l’insuffisance des fonds propres sont à l’origine des plus grands crashs.
L’idéal, bien sûr, reste la prévention. On ne se lassera jamais de dire que c’est dans la fiabilité des chiffres et la transparence de l’information que résident les secrets de la réussite. Si l’on ajoute à cela un système bancaire prudent et équilibré, des autorités publiques et une Banque centrale vigilantes, vous avez les ingrédients de la bonne gouvernance.

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