Une passion intacte

Malgré les revers du destin, l’Olympique de Marseille reste un club mythique qui exerce une fascination bien au-delà de la Canebière.

Publié le 22 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

Munich, le 26 mai 1993 : l’Olympique de Marseille affronte le Milan AC en finale de la Coupe d’Europe des clubs champions (C1). Celle qui s’est toujours obstinément refusée aux clubs français. À la 44e minute, un coup de tête rageur de Basile Boli propulse le ballon dans les filets de Rossi. Marseille ouvre la marque. Le score n’évoluera plus. Barthez, Angloma, Desailly, Di Meco, Deschamps, Abédi Pelé, Völler, Boksic, mais aussi leur entraîneur Raymond Goethals, le sorcier belge, exultent. Ils deviennent les héros de toute la France, qui se découvre une âme de vainqueur. Bernard Tapie triomphe.
Le club a été repris par l’homme d’affaires en 1986, alors qu’il végétait dans les profondeurs du classement et dans la nostalgie de sa gloire passée. Tapie s’est mis en tête d’en faire le meilleur de France, puis d’Europe. Un pari insensé ? Au contraire ! Aidé par un flair infaillible, « BT » fabrique à coup de millions et de déclarations tapageuses une redoutable machine à gagner, qui aligne victoires en Coupe de France et titres de champions dès 1987. Les grands noms défilent sur la Canebière : Papin, Förster, Francescoli, Mozer, Waddle, Stojkovic. Les supporteurs se pincent pour le croire, puis s’habituent, et en redemandent. Subjugués par la gouaille de Tapie et son côté bandit, ils se prennent, eux aussi, à rêver de Maradona. L’idole argentine ne vient pas, mais qu’importe ! L’OM conquiert ses lettres de noblesse continentale en battant le Milan AC d’Arrigo Sacchi, en mars 1991, en quart de finale de la C1. Archifavori, il trébuche sur la dernière marche en perdant à Bari, contre l’Étoile rouge de Belgrade, à l’issue d’une cruelle séance de tirs au but.
L’OM prend sa revanche deux ans plus tard. Trois jours après son succès de Munich, dans un stade Vélodrome incandescent, l’OM enfonce le clou en humiliant le PSG 3 buts à 1. Mais très vite le rêve tourne au cauchemar. Des juges s’emparent d’une sombre affaire de match arrangé contre Valenciennes. Perquisitions, inculpations et révélations nourrissent le feuilleton de l’été 1993. D’abord incrédules, puis furieux, enfin désespérés, les Marseillais vivent l’inexorable descente aux enfers de leur club fétiche. L’OM est déchu de son titre de champion de France, banni de la Coupe d’Europe, rétrogradé en deuxième division.
Mais les grandes équipes ne meurent jamais. L’OM remonte en première division en 1996, et retrouve des couleurs en 1999. Année glorieuse et maudite. La « dream team » de Roland Courbis aligne Porato, Blanc, Pires, Titi Camara, Maurice, Dugarry et Ravanelli. Elle survole la saison, mais finit deuxième, coiffée, sur le fil, par Bordeaux. Décimée par les suspensions, elle perd la finale de la Coupe de l’UEFA (C3) contre Parme. Le ressort est brisé. Malgré la passion intacte de ses supporteurs, l’OM, miné par son instabilité, peine à retrouver son standing et zigzague. Mais le club, en dépit de l’avènement de Lyon, conserve le plus beau palmarès du football français et continue à fasciner. Il reste un formidable tremplin pour des joueurs au caractère bien trempé : c’est notamment le cas de Didier Drogba, l’Ivoirien auteur d’une fabuleuse saison 2004, et de Frank Ribéry, la nouvelle idole du Vélodrome, révélation de l’année en France

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