Terrorisme : la Cedeao se dote d’un plan d’action à un milliard de dollars pour contrer les jihadistes

À l’issue de son sommet extraordinaire à Ouagadougou, samedi 14 septembre, la Cedeao a décidé de se doter d’un plan d’action pour la période 2020-2024 afin d’améliorer la lutte contre le terrorisme. L’organisation sous-régionale prend ainsi la main sur le dossier, sans toutefois se substituer au G5 Sahel.

Les chefs d’État de la Cedeao rassemblés à Ouagadougou pour le sommet extraordinaire sur la sécurité, samedi 14 septembre 2019. © DR / Cedeao

Les chefs d’État de la Cedeao rassemblés à Ouagadougou pour le sommet extraordinaire sur la sécurité, samedi 14 septembre 2019. © DR / Cedeao

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Publié le 15 septembre 2019 Lecture : 3 minutes.

Quartier général de la force conjointe G5 Sahel basée à Sévaré, en octobre 2017. © Flickr / MINUSMA/Harandane Dicko
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Quel avenir pour le G5 Sahel ?

C’est la question à laquelle ont dû répondre les chefs d’État de la Cedeao, qui se sont rencontré pour un sommet extraordinaire à Ouagadougou consacré à la lutte contre le terrorisme dans la sous-région, samedi 14 septembre.

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Les modalités de ce plan d’action prioritaires de cinq ans seront entérinées lors du prochain sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), prévu en décembre à Abuja. À l’occasion de la réunion extraordinaire qui s’est tenue samedi 14 septembre à Ouagadougou, les chefs d’État ont annoncé que l’organisation sous-régionale allait mobiliser des ressources à hauteur d’un milliard de dollars (environ 900 millions d’euros). « Cette contribution financière démontre notre engagement à faire la différence », a expliqué le président Mahamadou Issoufou, également président en exercice de la Cedeao.

« Nous allons mobiliser ces ressources sur cinq ans à partir de 2020. Le président de la commission de la Cedeao [l’Ivoirien Jean-Claude Brou] va regarder comment chaque pays va participer au financement du mécanisme », a pour sa part précisé Roch Marc Christian Kaboré, le président burkinabè.

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Selon nos informations, 500 millions de dollars seront décaissés par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Un comité technique se réunira bientôt pour préciser le mode de financement de la somme restante. « Des prélèvements communautaires pourraient être privilégiés », explique un ministre ouest-africain. La commission de la Cedeao a également invité le Tchad et à la Mauritanie, deux États représentés au sommet – respectivement en tant que pays appartenant au Bassin du lac Tchad et au G5 Sahel – , à participer à l’effort financier.

« La Cedeao prend la main »

Ces ressources seront débloquées pour la formation des unités engagées dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, notamment les trafics d’armes, de tabac ou de drogue. Elles vont permettre également aux États d’organiser et de mutualiser les informations récoltées par leurs unités de renseignement. Cela pourrait aboutir à la mise en place d’un système numérisé de données biométriques pour faciliter la collaboration entre les services.

Tout en actant le droit de poursuite, les participants au sommet ont décidé d’impliquer la force en attente de l’organisation sous-régionale

« La Cedeao prend la main », analyse un ministre. Tout en actant le droit de poursuite dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, les participants au sommet ont décidé d’impliquer la force en attente de l’organisation sous-régionale. « Les ministres de la Sécurité vont étudier les scénarios d’implication de cette force. Cette question sera élucidée en décembre lors du prochain sommet », précise un participant au huis clos

« Pas un substitut au G5 Sahel »

Mais alors que l’avenir du G5 paraissait incertain à de nombreux observateurs, la Cedeao n’a toutefois pas vraiment décidé de refondre totalement l’organisation ni de l’élargir à d’autres pays. Et si la force conjointe du G5 n’a pas encore prouvé son efficacité sur le terrain, Mahamadou Issoufou a défendu l’initiative. « Il ne s’agit pas de trouver un substitut à la force conjointe du G5 Sahel et la force multinationale mixte du Bassin du lac Tchad. Dans l’immédiat, il faut renforcer les instruments en place, et la force en attente est prévue sur le moyen terme », a-t-il déclaré.

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Face à la dégradation alarmante de la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest, et le spectre de plus en plus pesant de propagation aux pays côtiers, les dirigeants ont lancé un appel à la communauté internationale, notamment les Nations unies, qu’ils exhortent à doter la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali) d’un mandat aux prérogatives renforcées. « La communauté internationale ne doit pas détourner son regard du Sahel et du Bassin du lac Tchad. C’est elle qui a provoqué la crise libyenne, véritable foyer d’alimentation de la crise dans notre région », a fustigé le président nigérien.

À l’ouverture du sommet, Moussa Faki, le président de la Commission de l’UA, avait milité pour que l’ONU mette en place « des contributions obligatoires » de ses États membres pour financer la lutte contre le terrorisme. « Les Nations unies doivent assumer leur rôle », avait-il déclaré.

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