Présidentielle en Tunisie : Kaïs Saïed et Nabil Karoui seraient au second tour, selon Sigma Conseil

Quelque sept millions d’électeurs tunisiens étaient appelés aux urnes ce dimanche 15 septembre, pour désigner les deux candidats – parmi les 26 en lice – qualifiés pour le second tour du scrutin présidentiel. Si plusieurs instituts de sondage ont avancé les noms de Kaïs Saïed et de Nabil Karoui, l’Instance électorale n’a pas encore proclamé de résultats officiels.

Le candidat indépendant Kaïs Saïed dans les bras de son frère, dimanche 15 septembre 2019 à Tunis. © Camille Lafrance pour JA.

Le candidat indépendant Kaïs Saïed dans les bras de son frère, dimanche 15 septembre 2019 à Tunis. © Camille Lafrance pour JA.

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Publié le 15 septembre 2019 Lecture : 8 minutes.

• Voici l’ordre d’arrivée des candidats pour le premier tour de l’élection présidentielle, d’après les sondages réalisés à la sortie des urnes par le cabinet Sigma Conseil (la suite donnée par Emrhod Consulting est la même, seuls quelques chiffres variant) : Kaïs Saïed (19,5 %), Nabil Karoui (15,5 %), Abdelfattah Mourou (11 %), Abdelkrim Zbidi (9,4 %), Youssef Chahed (7,5 %), Safi Saïd (7,4 %).

Initialement prévu en novembre, le premier tour de l’élection présidentielle avait été avancé au dimanche 15 septembre après la mort le 25 juillet du chef de l’État en exercice, Béji Caïd Essebsidont la veuve s’est elle-même éteinte ce dimanche. Ce décès a entraîné une inversion du calendrier électoral – le scrutin législatif étant désormais programmé entre les deux tours de la présidentielle – , bousculant les stratégies des partis politiques qui n’ont eu que très peu de temps pour se préparer.

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• La pré-campagne avait notamment été marquée par l’arrestation rocambolesque du candidat Nabil Karouiincarcéré depuis à la prison de la Mornaguia, près de Tunis, dans le cadre d’une enquête judiciaire pour « blanchiment d’argent » et « évasion fiscale ». Les intentions de vote donnaient également un autre concurrent indépendant dans le peloton de tête, le constitutionnaliste Kaïs Saïed, aux côtés du Premier ministre sortant Youssef Chahed, de son ex-ministre de la Défense Abdelkrim Zbidi ou encore de l’islamiste d’Ennahdha Abdelfattah Mourou. Des pronostics qui se sont donc en partie confirmés.

Revivez la soirée électorale en parcourant ce fil, alimenté en direct ce dimanche.

23h35 – Ennahdha attend les chiffres officiels de l’Isie

Le parti à référentiel islamique Ennahdha a tenu une conférence de presse ce soir à l’issue du premier tour de l’élection. « Nous avons pris connaissance des résultats suite au dépouillement dans les bureaux de vote et ils sont totalement contraires à ceux diffusés par les cabinets de sondage », a déclaré Samir Dilou. Le directeur de campagne du candidat Abdelfattah Mourou a affirmé que l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie) est la seule habilitée à proclamer les résultats du scrutin.

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Un cadre d’Ennahda a même confié à Jeune Afrique, sous couvert d’anonymat : « Nous avons d’autres résultats de sortie des urnes. Nous avons été surpris par les annonces du cabinet Sigma Conseil et les mettons en question jusqu’à obtenir la vérité. Pour nous, Mourou est arrivé deuxième. Nous ne voulons pas avancer de chiffres dont personne n’est sûr. Demain matin, l’Isie devrait avoir une idée claire sur les résultats, donc tout dépendra des dépouillements. »

22h55 – Un « climat calme » et un « bon respect des procédures », estime l’UE

« La quasi totalité des rapports de notre centaine d’observateurs font état d’un très bon respect des procédures de vote, de transparence et d’un climat assez calme pour ce jour de vote », a commenté Fabio Massimo Castaldo, chef observateur de l’Union européenne.

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Car si la présidentielle représente un enjeu majeur pour le pays, c’est aussi le cas pour les partenaires et amis de ce dernier. De Washington à Abou Dhabi en passant par Paris, Bruxelles, Alger et Rabat, tous les regards étaient rivés, ce dimanche, sur le déroulement de l’élection à la magistrature suprême dans l’unique vraie démocratie issue du Printemps arabe.

Retrouvez ici notre article publié dans le JA n°3062 – disponible à partir d’aujourd’hui en kiosques et en ligne – , intitulé « Présidentielle en Tunisie : depuis Rabat, Paris ou Abou Dhabi, un scrutin sous haute surveillance ».

22h35 – « En l’absence de jugement, Nabil Karoui reste candidat », affirme l’Isie

Que se passera-t-il en cas de condamnation de Nabil Karoui entre les deux tours ? « Y a-t-il contradiction entre le Code pénal et le Code électoral ? Non, a soutenu le président de l’Isie, Nabil Baffoun. Ce cas est inédit, mais le juge d’instruction a le pouvoir d’appréciation pour prendre les mesures nécessaires pour répondre à des requêtes d’interviews. »

« En l’absence de jugement, Nabil Karoui reste candidat, a-t-il affirmé. Même en cas de jugement définitif, s’il ne prive pas le justiciable de son droit à se présenter, la situation resterait la même. »

Dans le camp Karoui, on se montre plutôt confiant quant à une libération prochaine du candidat, estimant que « comme la Cour de cassation s’est déclarée incompétente, le dossier a été renvoyé devant le juge d’instruction, qui n’avait pas jugé bon de le faire arrêter ».

22h10 – Retrouvez nos interviews de Nabil Karoui

[Exclusif] « Je suis le premier prisonnier politique depuis la révolution »

Arrêté le 23 août, Nabil Karoui est le grand absent du débat présidentiel. Depuis sa cellule de la prison de la Mornaguia, près de Tunis, le favori du premier tour a confié à Jeune Afrique sa frustration de ne pas pouvoir s’impliquer directement dans la campagne, mais aussi sa colère contre le complot qu’il estime ourdi contre lui.

« Nous sommes aujourd’hui sur le Titanic »

Reconverti dans l’humanitaire, l’ex-patron de Nessma TV est candidat à la présidentielle de novembre et s’apprête à créer son propre parti pour participer aux législatives. Entretien avec un trublion de la classe politique qui a le vent en poupe.

21h50 – Le taux de participation s’élève à 45,02 %, selon l’Isie

L’instance électorale a communiqué un taux de participation officiel de 45,02 % (contre 64 % en 2014) – ce qui signifie que trois millions d’électeurs se sont finalement déplacés aujourd’hui pour voter. Ce chiffre n’est toutefois pas définitif, des bureaux étant toujours ouverts, notamment en Amérique.

Le centre de presse de l'Isie, au Palais des congrès de Tunis, dimanche 15 septembre 2019. © Camille Lafrance pour JA.

Le centre de presse de l'Isie, au Palais des congrès de Tunis, dimanche 15 septembre 2019. © Camille Lafrance pour JA.

Interrogé sur une éventuelle libération de Nabil Karoui en vue du second tour, le président de l’Instance électorale a répondu : « Cela ne dépend pas de l’Isie. Nous avons dit qu’il existe un principe d’égalité des chances qui lui permet de mener campagne. Mais en Tunisie, la justice est indépendante, donc c’est à elle de décider de sa libération ou non. »

Nabil Baffoun a précisé que les premiers résultats officiels seront communiqués par l’Isie d’ici à 23h (heure de Tunis).

21h35 – Nabil Karoui : « Ce vote exprime la volonté de changement »

Au QG de campagne de Nabil Karoui, sa femme Salwa lit un message de son époux emprisonné. « Ce vote exprime la volonté de changement souhaité par le peuple. Je suis reconnaissant aux militants et dirigeants de Qalb Tounes, mais aussi à mes proches et tous ceux qui ont sécurisé le processus électoral. (…) Je souhaite que le second tour se déroule dans le respect et une éthique fondamentale pour ce processus. »

Salwa Karoui lisant un message de son mari emprisonné, annoncé en deuxième position du premier tour de l'élection présidentielle, dimanche 15 septembre 2019 à Tunis. © Frida Dahmani pour JA.

Salwa Karoui lisant un message de son mari emprisonné, annoncé en deuxième position du premier tour de l'élection présidentielle, dimanche 15 septembre 2019 à Tunis. © Frida Dahmani pour JA.

L’épouse du candidat annoncé deuxième a ajouté, s’exprimant en son nom propre : « Félicitations Nabil, le peuple te plébiscite. Mais en tant que mère et compagne, je te demande de cesser ta grève de la faim car nous avons tous besoin de toi. »

Le comité de défense de Nabil Karoui examine les voies de recours judiciaires possibles pour obtenir la libération du candidat emprisonné, a précisé Salwa Karoui. « La justice et le peuple libéreront Nabil », a-t-elle lancé.

21h15 – Retrouvez nos articles sur Kaïs Saïed

• Interview

– Kaïs Saïed : « Il faut accepter les règles du jeu, mais pas le système »

En quelques mois, le constitutionnaliste s’est hissé dans le peloton de tête des sondages, sans même avoir de parti ni de réelle équipe de campagne. Il détaille à Jeune Afrique ses objectifs et priorités.

• Portrait

Cinq choses à savoir sur le candidat Kaïs Saïed

À 61 ans, l’universitaire à la retraite Kaïs Saïed brigue la magistrature suprême ; un objectif qu’il avait annoncé à Jeune Afrique en octobre 2018 et auquel il travaille depuis bien plus longtemps. Son ambition : remanier les institutions tunisiennes, afin qu’elles répondent aux revendications non satisfaites de la révolution.

21h00 – Kaïs Saïed en tête, Nabil Karoui 2e (estimations Sigma Conseil)

Selon les estimations réalisées par le cabinet Sigma Conseil à la sortie des urnes, Kaïs Saïed arriverait en tête de ce premier tour, avec 19,5 % des voix. Il devancerait Nabil Karoui (15,5 %), qui serait donc lui aussi qualifié pour le second tour. L’islamiste Abdelfattah Mourou serait plus loin derrière (11 %), suivi d’Abdelkrim Zbidi (9,4 %) et de Youssef Chahed (7,5 %), au coude à coude avec Safi Saïd (7,4 %).

20h40 – Ambiance festive au QG de Nabil Karoui

Des partisans de Nabil Karoui dansent au QG du candidat emprisonné, dimanche 15 septembre 2019 à Tunis. © Frida Dahmani pour JA.

Des partisans de Nabil Karoui dansent au QG du candidat emprisonné, dimanche 15 septembre 2019 à Tunis. © Frida Dahmani pour JA.

Au quartier général de Nabil Karoui, les militants de ce dernier exultent. Galvanisés, ils crient victoire et demandent la libération de leur champion, incarcéré depuis le 23 août. Dans une atmosphère très festive, entre rires, larmes et accolades, plus de 300 personnes dansent jusque dans la rue, dans une joyeuse cacophonie de klaxons. « C’est la revanche contre l’injustice et le mépris des pauvres », assène Mehdi, un militant venu de Kasserine.

Retrouvez ici l’entretien exclusif que le candidat a accordé à Jeune Afrique depuis sa cellule de la prison de la Mornaguia.

20h20 – Kaïs Saïed : « Je ressens beaucoup d’émotion »

Le candidat indépendant Kaïs Saïed embrassant le drapeau tunisien à son QG de campagne, dimanche 15 septembre 2019 à Tunis. © Camille Lafrance pour JA.

Le candidat indépendant Kaïs Saïed embrassant le drapeau tunisien à son QG de campagne, dimanche 15 septembre 2019 à Tunis. © Camille Lafrance pour JA.

L’émotion est vive au quartier général du candidat indépendant Kaïs Saïed, un modeste bureau de Tunis-centre où une équipe d’une dizaine de bénévoles – dont le frère du prétendant à Carthage – s’est réunie. N’ayant pas d’observateur dans les bureaux de vote, le constitutionnaliste n’a pour l’instant pas de retour sur les résultats des urnes, et attend les premières estimations officielles.

Le QG de campagne du candidat indépendant Kaïd Saïed dans l'attente des premiers résultats officiels du premier tour de l'élection présidentielle. © Camille Lafrance pour JA.

Le QG de campagne du candidat indépendant Kaïd Saïed dans l'attente des premiers résultats officiels du premier tour de l'élection présidentielle. © Camille Lafrance pour JA.

« Je n’ai pas de machine partisane, explique-t-il à Jeune Afrique, et c’est la première fois de ma vie que je vote [il montre son doigt teinté de la fameuse encre bleue]. L’essentiel n’est pas de gagner mais de réaliser les aspirations et revendications des Tunisiens. Je ressens beaucoup d’émotion, mais aussi un sens profond des responsabilités envers mon pays. »

Le candidat indépendant Kaïs Saïed dans les bras de son frère, dimanche 15 septembre 2019 à Tunis. © Camille Lafrance pour JA.

Le candidat indépendant Kaïs Saïed dans les bras de son frère, dimanche 15 septembre 2019 à Tunis. © Camille Lafrance pour JA.

Quelques jours avant le premier tour, le candidat nous avait accordé un long entretien, à retrouver en intégralité ici.

20h – Le vote des candidats en images

(cliquer sur les photos pour afficher les légendes)

Une électrice prenant un selfie avec l'islamiste Abdelfattah Mourou et sa femme, dimanche 15 septembre 2019 à La Marsa. © Mosa’ab Elshamy/AP/SIPA

Une électrice prenant un selfie avec l'islamiste Abdelfattah Mourou et sa femme, dimanche 15 septembre 2019 à La Marsa. © Mosa’ab Elshamy/AP/SIPA

Abdelkrim Zbidi, ex-ministre de la Défense, arrivant dans son bureau de vote à Sousse, dimanche 15 septembre 2019. © Samir Sahli/AP/SIPA

Abdelkrim Zbidi, ex-ministre de la Défense, arrivant dans son bureau de vote à Sousse, dimanche 15 septembre 2019. © Samir Sahli/AP/SIPA

Youssef Chahed, le chef du gouvernement sortant, dans un isoloir à La Marsa, à l'occasion du premier tour de l'élection présidentielle, dimanche 15 septembre 2019. © Riadh Dridi/AP/SIPA

Youssef Chahed, le chef du gouvernement sortant, dans un isoloir à La Marsa, à l'occasion du premier tour de l'élection présidentielle, dimanche 15 septembre 2019. © Riadh Dridi/AP/SIPA

Les plus hauts responsables du pays ont également voté, comme le président par intérim Mohamed Ennaceur, ici à Sidi Bou Saïd (à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Tunis).

Mohamed Ennaceur, le président de la République par intérim, plaçant son bulletin dans l'urne dans un bureau de vote de Sidi Bou Saïd, dimanche 15 septembre. © Slim Abid/AP/SIPA

Mohamed Ennaceur, le président de la République par intérim, plaçant son bulletin dans l'urne dans un bureau de vote de Sidi Bou Saïd, dimanche 15 septembre. © Slim Abid/AP/SIPA

19h30 – Une participation en très net recul

Nabil Baffoun, le président de l’instance électorale, a indiqué que le taux de participation à 15h était de 27,84 % – soit 1,8 million de votants sur les 6,6 millions d’inscrits – , en très forte baisse par rapport au scrutin présidentiel de 2014 (64 %, soit 3 millions sur 4,9 millions d’électeurs à s’être finalement déplacés).

Le responsable a rappelé que voter est un droit et un devoir. « Nous avons vécu une révolution pour cet acquis », a-t-il déclaré. Il a cependant confirmé que le candidat Nabil Karoui, qui avait annoncé jeudi avoir entamé une grève de la faim, n’a pas pu accomplir son devoir civique, aucun bureau de vote n’ayant été installé dans les prisons tunisiennes.

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