Présidentielle en Tunisie : l’Isie confirme la qualification de Kaïs Saïed et Nabil Karoui pour le second tour
L’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) a proclamé mardi les résultats officiels du premier tour de l’élection présidentielle, confirmant les sondages qui donnaient les candidats Kaïs Saïed et Nabil Karoui qualifiés pour la seconde manche.
Annoncée dimanche soir par les instituts de sondage, la nouvelle, qui a surpris bon nombre d’observateurs, a été confirmée mardi en milieu d’après-midi par l’Instance électorale : le constitutionnaliste Kaïs Saïed est bien arrivé en tête du premier tour, avec 18,4 % des voix, suivi par le magnat des médias emprisonné Nabil Karoui (15,6 %). Ces deux candidats « hors système » sont donc qualifiés pour le second round du scrutin, après avoir éliminé tous les représentants des formations politiques traditionnelles.
Les deux premiers devancent assez nettement les autres prétendants – selon des chiffres qui varient quelque peu de ceux communiqués par Sigma Conseil. L’islamiste d’Ennahdha Abdelfattah Mourou se classe ainsi troisième, avec 12,8 % des suffrages. Il est suivi de l’ex-ministre de la Défense Abdelkrim Zbidi (10,7 %) et du chef du gouvernement sortant Youssef Chahed (7,38 %). Souvent citée dans le peloton des favoris, Abir Moussi, la présidente du Part destourien libre (PDL) et nostalgique de l’ancien président Ben Ali, est encore plus largement distancée, ne récoltant que 4,7 % des votes.
Kaïs Saïed : « Le peuple sait ce qu’il veut »
Dans la foulée de la proclamation officielle des résultats, Kaïs Saïed s’est exprimé depuis son bureau sommaire de Tunis-centre, où des journalistes et quelques militants s’étaient entassés dans une chaleur plombante. « Je remercie les équipes de bénévoles qui ont fait campagne avec leurs propres moyens », a déclaré le vainqueur du premier tour, assurant qu’il continuerait de refuser les subventions de l’État pour financer sa campagne.
L’espoir est pour tous les Tunisiens, qui ont éliminé un système qui existait depuis soixante ans. Ils ont le droit de créer un nouveau système
« L’espoir est pour tous les Tunisiens, qui ont éliminé un système qui existait depuis soixante ans, a-t-il poursuivi. Ils ont le droit de créer un nouveau système. Le peuple sait ce qu’il veut. […] Je serai le président de tous les Tunisiens. Aucun ne perdra ses droits, même la femme tunisienne. Même si je ne peux pas promettre n’importe quoi comme d’autres candidats, on va trouver un moyen pour être les propriétaires de notre pays. On ne va éliminer personne, mais aider tout le monde pour améliorer la Tunisie et nos relations avec tous les pays. »
https://twitter.com/CamilleLafrance/status/1173969541782822912?s=20
« Nabil Karoui reste candidat »
Quelque sept millions d’électeurs tunisiens étaient appelés aux urnes dimanche 15 septembre, afin de départager les 26 candidatures validées par l’Isie. Initialement prévu en novembre, le premier tour de l’élection présidentielle avait été avancé au dimanche 15 septembre après la mort le 25 juillet du chef de l’État en exercice, Béji Caïd Essebsi. Ce décès a entraîné une inversion du calendrier électoral – le scrutin législatif étant désormais programmé entre les deux tours de la présidentielle – , bousculant les stratégies des partis politiques qui n’ont eu que très peu de temps pour se préparer.
La pré-campagne avait également été marquée par l’arrestation rocambolesque du candidat Nabil Karoui, incarcéré depuis à la prison de la Mornaguia, près de Tunis, dans le cadre d’une enquête judiciaire pour « blanchiment d’argent » et « évasion fiscale ». « En l’absence de jugement, Nabil Karoui reste candidat », a affirmé dimanche soir Nabil Baffoun, le président de l’Instance électorale.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Maroc-Algérie : que contiennent les archives sur la frontière promises par Macron ?
- La justice sénégalaise fait reporter l’inhumation de Mamadou Moustapha Ba, évoquan...
- Les sextapes de Bello font le buzz au-delà de la Guinée équatoriale
- Sextapes et argent public : les Obiang pris dans l’ouragan Bello
- Une « nouvelle conception de l’autorité » : Mohamed Mhidia, un wali providentiel à...