Présidentielle au Ghana : la crise du secteur financier s’invite dans la campagne
Le président ghanéen Nana Akufo-Addo aborde la campagne pour la présidentielle de 2020 avec un secteur financier encore fragilisé. Si des réformes ont été engagées, elles n’ont pas satisfait toutes les attentes.
C’est une affaire emblématique du climat financier au Ghana. Pas moins de 61 chefs d’accusation visent Nana Appiah Mensah, le PDG de la concession d’or et entreprise d’investissements Menzgold, parmi lesquels « blanchiment d’argent », « fraude », « prise de dépôts illicites » ou encore « commerce de minerais sans licence ». En jeu, les 1,68 milliard de cedis (278 millions d’euros) collectés auprès de 16 001 individus.
De 2014 à 2018, Menzgold proposait à ses investisseurs des taux d’intérêt de 7 à 10% mensuels sur les dépôts en or, une offre alléchante directement accessible depuis son site web. Bien plus généreuse que ce qu’offraient les banques traditionnelles. Redoutant un système de Ponzi, les avertissements de la Banque centrale du Ghana (BoG), puis ceux du département des investigations criminelles de la police, se sont multipliés.
Il aura fallu attendre 2018 avant que les activités de Menzgold ne cessent. Après une brève cavale à l’étranger, Nana Appiah Mensah est finalement de retour au pays depuis le 11 juillet 2019. Libéré sous caution le 6 août dernier, il prépare désormais sa défense.
Réformes en profondeur
Si la saga Menzgold est un cas extrême, elle témoigne des graves dérives du secteur financier au Ghana. C’est en décembre 2015 que la sonnette d’alarme est tirée pour la première fois. À l’issue d’un audit co-réalisé par le Fonds monétaire international (FMI) et la BoG, de graves dysfonctionnements sont mis à jour : absence de régulation et de contrôle, manque de liquidités aux capitaux de plusieurs banques majeures, activités frauduleuses. Le diagnostic de l’audit est sans appel : plusieurs banques ont des défauts d’approvisionnements substantiels.
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