Henri Claude Oyima

Président de la Confédération patronale gabonaise (CPG)

Publié le 22 mai 2006 Lecture : 3 minutes.

La Confédération patronale gabonaise (CPG), qui regroupe 220 entreprises, soit 80 % de la richesse nationale, et représente 30 000 emplois, a organisé, du 5 au 8 avril, à Paris, un Forum de l’emploi – une grande première ! Objectif : recruter des cadres gabonais. Preuve que la fuite des cerveaux n’est pas une fatalité. Interview du président de la CPG, Henri Claude Oyima.
Jeune Afrique : Pourquoi avoir organisé un forum de l’emploi en direction du Gabon à Paris ?
Henri Claude Oyima : Les entreprises gabonaises ont constaté une inadéquation entre les emplois qu’elles proposent et les candidatures reçues. Et ce, dans un contexte de forte embellie économique. Nous avons 7 500 postes de haut niveau à pourvoir. Nous sommes donc venus rencontrer les étudiants et les cadres à Paris. Nous avons recueilli près de 2 000 candidatures en deux jours alors que nous en espérions 500 à 600. Toutes ne seront pas retenues, mais c’est prometteur, et un deuxième forum est prévu.
Quels sont les secteurs d’activité où la pénurie de main-d’uvre est la plus sensible ?
Tous les secteurs qui ont un gros potentiel de croissance : télécoms, mines, énergie, pétrole, banque, assurance, industrie forestière Mais le Gabon a aussi besoin d’experts-comptables, d’auditeurs, d’ingénieurs informaticiens et de responsables des ressources humaines. Nous voulons des cadres compétents (Bac + 4 minimum) et qui apportent de la valeur ajoutée puisqu’ils sont appelés à diriger nos entreprises.
C’est pourquoi vous recherchez exclusivement des Gabonais ?
Au total, 14 % des effectifs doivent partir à la retraite d’ici à cinq ans. Cela se prépare.
Quels sont les salaires proposés ?
Le Gabon n’est pas la France. Nous ne pouvons pas garantir les mêmes conditions. En revanche, nous proposons à nos compatriotes les meilleurs avantages dans le cadre des grilles de salaires en vigueur au Gabon. Avec un train de vie plus agréable qu’en France et surtout un meilleur statut. Nous proposons des contrats à durée indéterminée avec une période d’essai.
Vu la situation du marché de l’emploi en France, ne craigniez-vous pas que ces candidatures soient des choix par défaut ?
On peut être tenté de le dire, mais on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. Et puis, les Gabonais vivant en France peuvent avoir envie d’apporter leur contribution au processus de développement dans leur pays. En revanche, s’ils restent en France, ils accompagnent seulement un mouvement. Si ce mouvement n’a plus besoin d’eux, ils seront éjectés. Nous leur disons donc : « venez construire au Gabon ».
Cela n’est pas sans risque. Selon certains observateurs, l’environnement des affaires au Gabon reste marqué par des dysfonctionnements. Comment faire pour que la greffe prenne entre cette nouvelle génération formée en France et les habitudes gabonaises ?
Le milieu des affaires au Gabon permet aux entreprises de travailler normalement. Il y a certes des dysfonctionnements, mais les entreprises ne souffrent pas de la corruption. Cela dit, nous souhaitons que la nouvelle génération rompe avec les vieilles habitudes et apporte de nouvelles méthodes de gestion. Nous avons tenu ce discours de vérité à Paris. Les Africains ont compris qu’ils ne développeront pas le continent avec les bras et la tête des autres. C’est à nous de bâtir nos programmes de développement. Les démarrages ont été poussifs. À présent, il faut tout réorganiser sur de nouvelles bases Les choses changeront avec cette nouvelle génération.
Avec, à la clé, un passage de témoin
Oui, cette jeunesse qui rentre va trouver et prendre toute sa place. Elle doit accepter ce qui a été fait, s’impliquer, apporter du neuf tout en respectant ce que les anciens ont laissé en héritage.

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