[Tribune] Maroc : Hajar, Amina et nous
L’affaire de la jeune journaliste Hajar Raïssouni, emprisonnée au Maroc pour « avortement illégal », soulève une question de société aux multiples facettes, qui n’oppose pas seulement modernistes et conservateurs ou laïcs et religieux.
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Mohamed Tozy
Professeur à Sciences Po Aix-en-Provence, auteur de « Monarchie et islam politique au Maroc », « L’État d’injustice au Maghreb » et « Tisser le temps politique au Maroc » (co-écrit avec Béatrice Hibou).
Publié le 24 septembre 2019 Lecture : 4 minutes.
Après l’affaire Amina Mae El Ainine, cette jeune parlementaire marocaine du Parti de la justice et du développement (PJD) lynchée par les médias et par une partie de ses collègues islamistes pour s’être montrée en jeans et cheveux au vent lors de ses vacances en France, c’est l’affaire Hajar Raissouni qui s’impose comme l’événement judiciaire de la rentrée au Maroc. Interpellée à Rabat et mise en détention, Hajar Raissouni est accusée d’« avortement illégal », de « relations sexuelles hors mariage », d’« usurpation d’identité » et de « déclarations mensongères ».
Contradictions et hypocrisie
Hajar n’est pas une citoyenne lambda, elle est la nièce d’Ahmed Raissouni, une figure importante de l’islamisme marocain, président de l’Union mondiale des oulémas, qui comprend en son sein des milliers de membres originaires de 57 pays, africains, européens et d’Amérique du Nord, adoubée par le Qatar et qualifiée d’organisation terroriste par l’Arabie saoudite et ses alliés (les Émirats et l’Égypte).
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