Égypte : affrontements lors de nouvelles manifestations anti-sissi à Suez

Des affrontements ont éclaté dans la nuit de samedi à dimanche à Suez, en Egypte, entre la police et des manifestants qui ont bravé pour la deuxième journée consécutive l’interdiction de protester contre le pouvoir et exigé le départ du président Abdel Fattah al-Sissi. 

Des manifestants au Caire, le 21 septembre 2019. © Nariman El-Mofty/AP/SIPA

Des manifestants au Caire, le 21 septembre 2019. © Nariman El-Mofty/AP/SIPA

Publié le 22 septembre 2019 Lecture : 3 minutes.

« Il y avait environ 200 personnes » dans le centre de Suez, a raconté un manifestant de 26 ans interrogé par l’AFP sous le couvert de l’anonymat. Selon lui, les forces de sécurité « ont tiré des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des balles réelles. Il y a des blessés ».

Une autre habitante de Suez interrogée par l’AFP a fait état d’un nuage de gaz lacrymogène si vaste qu’il atteignait son immeuble, situé à quelques kilomètres des incidents.Une source des forces de sécurité a confirmé la présence de plusieurs dizaines de manifestants, mais n’a fourni aucun détail sur la réaction des autorités.

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État d’urgence

Au Caire, les forces de l’ordre ont été déployées samedi aux abords de la place Tahrir, lieu emblématique de la révolution de 2011. La veille, plusieurs dizaines de manifestants y avaient scandé « Sissi, va-t-en » avant d’être dispersés par la police. D’autres protestataires sont descendus vendredi soir dans les rues de plusieurs villes du pays, dont Suez et Alexandrie.

Au moins 74 personnes ont été arrêtées dans la nuit de vendredi à samedi, a indiqué à l’AFP une source au sein des services de sécurité.

Des appels à manifester ont été lancés ces derniers jours sur les réseaux sociaux, émanant notamment d’un homme d’affaires en exil, Mohamed Aly, qui a appelé samedi à une « marche du million » de personnes pour le 27 septembre.

L’Égypte vit sous état d’urgence et les mouvements de contestation y sont interdits en vertu d’une loi adoptée en 2013, après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi par l’armée, à la tête de laquelle se trouvait alors le général Sissi.

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Le régime mène une répression sans merci contre l’opposition, emprisonnant des milliers d’islamistes, de militants ou encore de blogueurs.

Première depuis des années

« C’est la première fois depuis des années que les gens descendent dans la rue », a déclaré à l’AFP Nael Shama, un analyste politique au Caire, estimant que ce ne serait « pas la dernière ».

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« Personne n’a scandé « Du pain, de la liberté, de la justice sociale » comme en 2011″, a-t-il relevé, soulignant que les manifestants avaient dès la première minute appelé au départ du président.

Contacté par l’AFP pour savoir ce qu’Abdel Fattah al-Sissi avait à dire sur les événements de la nuit, son bureau n’a pas donné suite. Le président s’est envolé vendredi pour New York où il doit s’adresser à l’Assemblée générale de l’ONU la semaine prochaine.

Dans une nouvelle vidéo mise sur les réseaux sociaux, l’homme d’affaires Mohamed Aly a demandé aux Egyptiens de participer à une « marche du million » vendredi prochain sur toutes « les grandes places » du pays.

« Marche du million »

« J’étais aussi surpris que vous de voir le nombre de personnes dans les rues (…) cette révolution du peuple (…) Nous devons nous unir (…) et nous organiser pour descendre sur les grandes places.Nous avons jusqu’à vendredi pour y arriver », a-t-il lancé.

Il a par ailleurs demandé aux autorités de libérer les personnes qui avaient été arrêtées vendredi.

Exilé en Espagne, cet entrepreneur dans le secteur du bâtiment a publié plusieurs vidéos virales depuis début septembre appelant au renversement de Sissi et des militaires, qu’il accuse de corruption.

Le président Sissi avait nié en bloc ces allégations. « Ce sont des mensonges et ils ont pour but de briser la volonté des Egyptiens et de leur faire perdre toute espoir et toute confiance en eux-mêmes ».

Il avait aussi mis en garde le 14 septembre, devant un congrès de jeunes, ceux qui voudraient manifester pour exprimer publiquement leur opposition au pouvoir.

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