Vos lettres et emails sélectionnés

Juger Kadhafi
Des dirigeants et des agents secrets libyens ont commandité des attentats meurtriers et acheté des pseudo-armes de destruction massive. Kadhafi a accepté d’indemniser les
premiers et de détruire les secondes. Mais le vrai payeur, c’est le contribuable libyen ! Des milliards de dollars ont été pour cela amputés des budgets sociaux l’éducation et la
santé par le régime libyen. C’est un exemple des méfaits de la dictature, de l’absence de démocratie et de la soumission d’un peuple. Kadhafi devra rendre des comptes à son
peuple. Il devra être jugé pour dilapidation des deniers publics. Je salue au passage la fierté et la dignité de Maryvonne Raveneau (n° 2251), qui refuse d’être le dindon de la farce dans l’arrangement politico-financier entre son pays, la France et la Libye au nom de la raison d’État.
François Borniche, Fontainebleau, France

CAN 2004 : droit de réponse à Mourad Mazar
S’appuyant sur la décision du comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF) me déclarant persona non grata, Joseph Antoine Bell s’est attaqué à l’Union africaine des footballeurs (UAF) et à son président (J.A.I. n° 2250, 22-28 février 2004). Il a oublié au passage de mentionner qu’il avait fait partie de l’UAF. Son incartade ne nous surprend nullement, pas plus que son opportunisme. La reconnaissance de la CAF et de la Fifa, l’UAF l’a obtenue grâce à son travail sur le terrain et les efforts de ses membres, notamment Roger Milla. Lorsque Bell dit : « L’UAF était une farce », nous lui
rétorquons : Pourquoi ne l’avez-vous pas dit avant, lorsque vous partagiez la tribune
avec son président et que vous faisiez son éloge dans la presse ? L’UAF se porte mieux depuis votre départ. L’épisode de la CAN 2004 est un nuage qui se dissipera rapidement
lorsque les masques tomberont sur cette affaire.
Mourad Mazar, président de l’UAF, Lyon, France
Réponse : Le ton peu amène de cette lettre confirme, hélas ! les réserves émises par l’ancien international camerounais quant à la crédibilité de l’UAF. M. Mazzar n’a pas
expliqué les raisons qui ont poussé la CAF à le déclarer persona non grata à peine trois semaines après avoir reconnu l’UAF. Faouzi Mahjoub

Une femme exemplaire
L’histoire de Maryvonne Raveneau, racontée dans J.A./l’intelligent n° 2251, est incroyable et fantastique. Qui, à notre époque caractérisée par l’amour de l’argent, ne rêverait pas d’avoir 1 million de dollars ? Qui n’aurait pas la tête qui tourne jusqu’au vertige face à un tel pactole ? Mme Raveneau, qui a refusé l’offre libyenne en compensation de la mort de son mari, une des victimes de l’attentat contre le DC-10 d’UTA, s’est montrée d’une dignité exemplaire. Son amour pour son défunt mari est vraiment sans faille. Merci à J.A.I. pour cette fabuleuse histoire qu’on ne lira nulle part ailleurs.
Dr Samir Doghri, Den Den, Tunisie

Ralliement moutonnier
Je suis un fidèle lecteur de votre journal depuis de très longues années (1980), mais je n’ai encore jamais eu l’occasion de vous écrire. Je voudrais m’exprimer aujourd’hui dans vos colonnes au sujet de l’appel lancé par « l’intelligentsia camerounaise » au
président Paul Biya pour qu’il se présente à la prochaine élection présidentielle prévue normalement pour octobre 2004. Je m’interroge, en effet, sur la sincérité des intentions des auteurs de cet appel. Le président Paul Biya a-t-il vraiment besoin de ce ralliement
moutonnier à sa candidature ? Qu’en attendent les auteurs ? Quel impact aura leur démarche
lorsqu’on sait la maturité et le sens des responsabilités du peuple camerounais ?
Claude Emmanuel Assimi, Yaoundé, Cameroun

SOS Sahel : halte à l’amalgame
La dramatique affaire Dutroux en Belgique a mis sur le devant de la scène Michel Nihoul. Dans un amalgame rapide et préjudiciable, ce personnage s’est présenté comme ayant
appartenu à SOS Sahel International. Michel Nihoul a escroqué des centaines de donateurs privés à son profit. Il a usurpé la raison sociale de SOS Sahel pour commettre ses malversations. Mais il n’a appartenu ni de près ni de loin à l’ONG que je préside. Ses malversations ont, en leur temps, causé un préjudice considérable à notre association. Il ne faudrait pas que, par des raccourcis hasardeux, l’activité que nous menons au Sahel soit une nouvelle fois pénalisée.
Marc Francioli, président du Comité exécutif de SOS Sahel International, Paris, France
contact@sos-sahelinternational.org

Conscience cosmique
En voyant les images des attentats de Madrid, je savais la compassion que les Africains éprouveraient pour les victimes. C’est faux de dire que cela ne regarde que les Européens. C’est faux de penser que le malheur de l’autre ne nous touche pas. Quel que soit le continent, la souffrance de l’être humain est semblable. Les attentats ne font
pas la différence : les victimes sont de plusieurs nationalités. La souffrance est donc planétaire et la prise de conscience cosmique.
Yves Tchouaffi, Yaoundé, Cameroun

Le sage et le savant
Lorsque je regarde nos vêtements, nos maisons et nos équipements, je me dis : « Ah ! l’homme n’a jamais été aussi perspicace. » Mais lorsque je vois les uns rouler en limousine et les autres marcher avec des béquilles parce que les premiers ont vendu des
mines et les seconds ont marché dessus, je me dis : « L’homme n’a jamais été aussi machiavélique. » Aujourd’hui, le monde a plus de savants que de sages, plus d’inventeurs que de penseurs. Un savant est un homme de grand savoir et un sage est un homme non seulement de grand savoir, mais surtout prudent, avisé Lorsqu’une société a beaucoup plus de savants que de sages, les errements se multiplient : drogues, crimes, conflits,
suicides, famine, arrogance
Ahmed Ali Halyl, Moroni, Comores

Une langue se meurt
Une grande langue africaine se meurt en direct sous nos yeux : la langue peule. Les Peuls ont-ils renoncé au merveilleux héritage de leurs ancêtres au profit de langues comme le wolof, le bambara, le mossi ou le djerma ? Aujourd’hui, des peuples comme les Fulanis ou les Khassonkés ne se considèrent même pas comme peuls. J’ai honte.
Hamma Sy, Rouen, France

Plus musulmans que les autres ?
La France a accueilli des centaines de milliers de Maghrébins sur son sol. Elle leur a donné du travail. Elle leur a permis de faire des économies et d’envoyer un peu d’argent
au pays. Elle leur a permis d’avoir une situation relativement convenable. Et leur a accordé des droits. En conséquence, ils ont des devoirs. La France est un pays laïc. Je leur dis ceci : « Votre pays adoptif vous demande une seule faveur en contrepartie : gardez votre croyance islamique dans votre cur. Soyez de bons croyants. Mais si vous
voulez être plus musulmans que les autres, alors, s’il vous plaît, soyez-le mais dans votre pays d’origine. »
Un citoyen de Tanger, Maroc

Peuple martyr
Vous avez trouvé les bons mots pour relater la tragédie haïtienne (n° 2252). En effet, en passant en revue quelques récentes tragédies africaines, je constate qu’Aristide, chef d’État démocratiquement élu, n’était pas différent des inénarrables Pascal Lissouba et Ange-Félix Patassé qui avaient oublié que leurs peuples ne leur avaient pas ouvert les portes des palais présidentiels à Brazzaville et à Bangui en vue d’accélérer leur appauvrissement. J’espère que le peuple martyr d’Haïti saura se sortir de cette mauvaise passe.
Hilaire Bouka, Saint-Louis, Sénégal

Boule de cristal
Vincent Fournier n’a pas suffisamment astiqué sa boule de cristal Dans le n° 2253, il a prédit la victoire du Parti populaire de José María Aznar. Cette expérience prouve que l’information ne fait pas bon ménage avec la divination. Guy Rousselin, Nevers, France
Réponse : Le retournement brutal de l’opinion espagnole a pris tous les analystes de court. Au moment où nous mettions sous presse, rien ne permettait de prévoir la défaite d’Aznar, au contraire. Cela dit, vous avez raison. Il vaut toujours mieux s’abstenir de
prédire un résultat électoral.
V.F.