Victimes collatérales
Parallèlement à la découverte du « complot » des mercenaires et dans la précipitation qui s’est ensuivie, les forces de l’ordre équatoguinéennes ont procédé à l’arrestation puis à l’expulsion manu militari de plusieurs centaines d’immigrés camerounais, ghanéens, béninois et nigérians, attirés par le boom pétrolier et, souvent, en situation irrégulière. « Nous avions, une fois de plus, prévenu les ambassades concernées en décembre 2003 : leurs ressortissants avaient trois mois pour se mettre en conformité avec les lois, faute de quoi ils seraient expulsés », explique Miguel Oyono, conseiller du président Obiang Nguema. « Il y a ici trop de clandestins, donc trop de délinquance. »
Reste que la manière avec laquelle cette opération a été menée pose le problème, hélas ! récurrent, des brutalités policières. Insultés, maltraités, parfois dépouillés, les expulsés ont été entassés dans des pirogues surchargées en direction de la côte camerounaise. D’autres ont trouvé refuge dans leurs ambassades ou se sont évanouis dans la forêt. Résultat : le consulat de Guinée équatoriale à Douala a bien failli être incendié par une foule déchaînée, et les quartiers où vivent les ressortissants équatoguinéens, tant dans la capitale économique du Cameroun qu’à Yaoundé, ont dû être protégés par crainte de représailles. Si nul ne saurait contester aux dirigeants de Malabo la nécessité de mieux contrôler l’immigration sauvage, il va de soi qu’une opération de rapatriement planifiée, organisée et menée dans le calme avec la participation des autorités des pays d’origine aurait été infiniment préférable à l’improvisation, source de tous les dérapages…
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