Sénégal : pourquoi le tourisme va mal

Publié le 23 mars 2004 Lecture : 2 minutes.

De retour de vacances au Sénégal, je tombe, dans J.A.I. n° 2250 (22-28 février), sur votre note intitulée « Tourisme en berne » (dans les pages de « La semaine de l’intelligent »). Vous parlez du malaise du tourisme sénégalais : une baisse de 25 % du
nombre de touristes depuis le début de la saison 2003-2004.
Les causes en sont sans doute complexes, mais réduire le phénomène, comme le font certains professionnels locaux, à une campagne orchestrée en France par les médias et mettant en avant le tourisme sexuel est plutôt risible. À voir les toubabs bedonnants accompagnés de jolies gazelles locales, on peut penser, au contraire, que cette forme de tourisme sexuel est hélas ! en pleine expansion.
Les vraies raisons de la baisse du tourisme « classique » me paraissent plus structurelles. D’abord, il y a eu l’urbanisation massive de la Petite Côte. Excessive, car les lieux de tourisme balnéaire ne sont pas si nombreux dans le pays. La tentation était forte de vouloir rentabiliser au maximum ce joli bout de littoral. Mais cela n’attire que des charters de chair à bronzer, des visiteurs pas trop exigeants cherchant le soleil le moins cher.
Ensuite, il y a tous les freins que le Sénégal s’ingénie à mettre sous les pas des autres touristes les vrais, ceux qui viennent librement sans agences et qui laissent le plus d’argent sur place. Eux viennent voir le pays. Difficile pourtant de garder de la sympathie, voire de revenir, après s’être fait racketter sur les routes par une police mal payée, après avoir acheté trop cher ce qu’un Sénégalais obtiendra à un prix normal, après avoir été harcelé mille fois dans la même journée par les bana-bana et tous ceux qui demandent de l’aide pour faire vivre leur famille.
Le fond du problème : le tourisme au Sénégal est aux mains des touropérateurs. Il profite plus aux Blancs qu’aux Sénégalais. Le Sénégal fait pourtant partie des rares pays africains à vouloir se doter d’une véritable stratégie touristique. Nul doute qu’il a tous les atouts pour développer encore qualitativement et non quantitativement une industrie pleine d’avenir. Mais il lui faut résoudre d’urgence le problème social, en initiant une véritable politique d’intéressement des populations locales aux bénéfices du tourisme.

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