Sénégal : quand les confréries musulmanes obligent les historiens à revoir leur copie

La parution des cinq premiers volumes de « L’Histoire générale du Sénégal », en juillet, a suscité le mécontentement des principales confréries sénégalaises. À tel point que l’un des volumes va être retiré de la vente et « corrigé » par les historiens en charge du projet.

Des pèlerins font la queue pour entrer la Grande Mosquée de Touba. © Ben Curtis/AP/Sipa

Des pèlerins font la queue pour entrer la Grande Mosquée de Touba. © Ben Curtis/AP/Sipa

MANON-LAPLACE_2024 MARIEME-SOUMARE_2024

Publié le 24 septembre 2019 Lecture : 5 minutes.

Quelques semaines seulement après la parution des premiers volumes du titanesque projet de réécriture de l’histoire du Sénégal, l’ouvrage a provoqué un tollé au sein des très puissantes confréries musulmanes sénégalaises. L’ampleur de la polémique a été telle que le responsable du projet, l’universitaire et ancien ministre de l’Éducation nationale Iba Der Thiam, a dû faire son mea culpa et a accepté de revoir sa copie. Au risque de créer un précédent dangereux pour les libertés académiques, s’inquiètent certaines voix au sein de la communauté scientifique.

« Il y a des erreurs chronologiques, des erreurs hiérarchiques, des erreurs factuelles. Beaucoup de contre-vérités et d’incohérences », égrène Baye Imam Niang, responsable de la communication de Rawdu-r Rayâhîn, une structure mouride en charge des questions scientifiques et de la vulgarisation de l’islam.

Parmi les points qui ont particulièrement crispé à Touba, la ville sainte du mouridisme, la traduction de Khadimou Rassoul, « nom de mission » du fondateur de la confrérie, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. « Le nom « Khadimou Rassoul » a été traduit par « esclave du prophète » au lieu de « serviteur du prophète ». Cela dévoie la mission du Cheikh, car notre religion ne permet pas de parler de quelqu’un comme étant l’esclave de quelqu’un d’autre », dénonce Baye Imam Niang.

Bien s’informer, mieux décider

Abonnez-vous pour lire la suite et accéder à tous nos articles

Image
Découvrez nos abonnements
la suite après cette publicité

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires