Quitte ou double à Genève
Une rencontre capitale avec les bailleurs de fonds – bilatéraux et multilatéraux – se tiendra fin mars sur les rives du lac Léman.
Les 30 et 31 mars se tiendra à Genève, à l’initiative du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et du gouvernement malien, une table ronde des bailleurs de fonds du Mali, la quatrième après celles de 1982, 1994 et 1998. Elle rassemblera à la fois les partenaires multilatéraux (Banque mondiale, Fonds monétaire international, Union européenne, Fonds arabes, Banque européenne d’investissement, Banque africaine de développement, etc.) et bilatéraux (France, Canada, Pays-Bas, Japon, Chine, etc.).
Thème principal de cette table ronde : le financement du programme de développement jusqu’en 2006. « Il s’agira de relancer le dialogue entre le gouvernement et ses partenaires concernant les stratégies de réduction de la pauvreté, précise Sékouba Diarra, responsable de la cellule technique du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP), mais aussi d’envisager une éventuelle réforme des modalités de l’aide. »
En clair, le Mali souhaite obtenir une simplification des procédures et un accroissement de l’aide budgétaire directe. D’autant que le pays doit sans délai combler le déficit de 72 milliards de F CFA (110 millions d’euros) prévu par la loi de finances 2004. À ce jour, il n’est parvenu à mobiliser que 19,5 milliards de F CFA.
Le gouvernement demande donc davantage d’aide sous forme de dons et moins d’aide sous forme de prêts. C’est pour lui le seul moyen de faire face au coût du CSLP (600 milliards de F CFA pour la période 2002-2006) et de ne pas alourdir le fardeau de sa dette. Le CSLP a pour objectif de permettre aux 64 % de la population qui vivent en dessous du seuil de pauvreté de bénéficier d’une nourriture suffisante et d’avoir accès à la santé, à l’éducation et à certaines infrastructures socio-économiques de base.
Bamako s’efforce également de convaincre ses partenaires de financer trois grands projets.
Le premier, d’un coût estimé à 100 milliards de F CFA, concerne la construction d’un barrage à Taoussa, sur le fleuve Niger, entre les villes de Bamba et de Bourem. L’objectif est de produire chaque année 450 Gwh et d’aménager 185 000 ha de terres pour les paysans des régions de Tombouctou et de Gao.
Deuxième projet : la construction à Markala, à 300 km au nord-est de Bamako, d’une sucrerie d’une capacité de production de 165 000 t/an, ainsi que l’aménagement de 15 000 ha de terres irriguées destinées à la culture de la canne à sucre. L’ensemble permettrait de créer plus de cinq mille emplois. Coût : 216 millions de dollars (116 milliards de F CFA).
Le dernier projet concerne la construction d’une route entre Nioro et Tonka (410 km). L’ouvrage, qui reliera quelque trente-cinq villages, permettra d’acheminer vers le nord du Mali les produits agricoles et piscicoles venant de la zone gérée par l’Office du Niger, mais aussi de développer le tourisme dans la région de Tombouctou. Coût : 59 millions de dollars (32 milliards de F CFA).
L’enjeu est donc capital pour ce pays très pauvre (ses indicateurs sociaux sont parmi les plus bas au monde), dont les efforts de développement sont entravés par l’enclavement, mais aussi le coût élevé du transport et de l’énergie. Une cinquantaine de responsables maliens vont donc faire le déplacement de Genève. Parmi eux, le chef du gouvernement, pas moins de onze ministres (Finances, Santé, Éducation, Agriculture, Mines, etc.), cinq ambassadeurs, une quinzaine d’experts et de conseillers, un représentant de la Chambre de commerce et d’industrie, un délégué du Conseil national du patronat… Ami personnel du chef de l’État et très impliqué dans le lobbying en faveur du Mali aux États-Unis, l’ancien président américain Jimmy Carter sera l’« invité spécial » de la rencontre.
Bamako a consacré à l’opération un budget de 300 000 dollars (160 millions de F CFA). De nombreux responsables y travaillent depuis un an en collaboration avec les experts du Pnud, et un site Internet a été spécialement créé pour l’occasion. Enfin, les ministres ont multiplié les « tournées de lobbying » en Amérique du Nord, en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie.
Ahmed Mohamed Ag Hamani, le chef du gouvernement, fait ci-après le point sur l’état de l’économie malienne et sur un certain nombre de dossiers prioritaires : infrastructures, emploi des jeunes, coût de la vie…
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