Plus de soleil en 2004 ?

L’Algérie, le Maroc et la Tunisie se tournent vers le marché international. Après une modeste année 2003, les trois pays cherchent à rebondir.

Publié le 22 mars 2004 Lecture : 3 minutes.

C’est une histoire de climat et de culture. Les Maghrébins apprécient le fruit de l’olivier, sous forme d’huile, d’olives de table ou de savon… Mais pourquoi se limiter au marché intérieur ? Depuis la libéralisation du secteur des oléagineux en Algérie ou en Tunisie, à la fin des années 1990, l’avenir est à l’exportation. Même si, dans l’immédiat, le Maghreb ne pourra certainement pas rivaliser avec les géants européens que sont la Grèce, l’Italie ou l’Espagne, certaines entreprises de la région ont su trouver leur place sur le marché mondial. D’après le Conseil oléicole international, quand en 2002-2003 l’Espagne fournissait à elle seule 15 % de la production mondiale, le Maghreb dans son ensemble n’en représentait que 5 %.
Bien qu’autosuffisante, l’UE a quand même importé pour l’année 2001-2002 près de 42 500 tonnes d’huile d’olive, dont une bonne part en provenance de la Tunisie, de la Turquie, de la Syrie ou du Maroc, l’essentiel étant constitué d’huiles d’olive en vrac, qui seront ensuite mélangées par des conditionneurs. La production maghrébine, davantage positionnée sur le marché de la matière grasse, ne concurrence donc pas frontalement les grands producteurs européens visant le marché des condiments. À l’exception de quelques-uns qui jouent la carte de la qualité, le marché maghrébin reste davantage tourné vers l’huile bon marché.
Avec ses 56 millions de plans d’olivier, répartis sur 1,5 million d’hectares, la Tunisie occupe la première place. Même si les dernières années ont été médiocres (70 000 tonnes d’huile pressées en 2002-2003, contre 147 000 par an en moyenne sur la période 1998-2002), les professionnels ne désarment pas : l’huile d’olive tunisienne a excellente réputation et l’année 2003-2004 promet d’être juteuse, avec 180 000 tonnes. « Notre principal acheteur reste l’Europe, en particulier l’Italie, mais nous avons aussi des liens avec les États-Unis et les pays du Golfe », explique Tlili Habib, responsable du secteur au sein de l’huilerie Ben Yedder Oil Mill. Si l’huile d’olive figure aujourd’hui au premier rang des exportations tunisiennes, cela s’explique en partie par les accords spécifiques conclus avec l’UE qui a, depuis le 1er janvier 2001, porté à 50 000 tonnes par an le contingent préférentiel – c’est-à-dire détaxé – d’huile d’olive importée de ce pays.
Au Maroc, l’oliveraie couvre quelque 580 000 hectares. Après une production estimée à 45 000 tonnes en 2002-2003, les professionnels du secteur parient sur une très bonne campagne 2003-2004, et visent 80 000 tonnes.
Contrairement aux pays voisins, le marché des huiles au Maroc a toujours été libre. Aujourd’hui quelque cinq grandes sociétés d’import-export se le partagent, au premier rang desquelles Lesieur Cristal, filiale du grand groupe privé marocain ONA. Lesieur Cristal affirme détenir plus de 70 % des parts de marché de l’huile de table, et près de 90 % pour les savons de ménage. En concurrence directe avec des sociétés tunisiennes, espagnoles ou turques, l’entreprise s’efforce de placer ses pions sur le marché international. Le Maroc exporte environ 40 % de sa production, là encore en majorité vers l’UE et les États-Unis.
En, Algérie, les oliveraies couvrent d’est en ouest quelque 300 000 hectares. D’après le Conseil oléicole international, la production 2002-2003 n’a pas dépassé les 16 500 tonnes. Un mauvais résultat, en regard des 35 000 tonnes produites par an, en moyenne, sur les cinq dernières années. Sur un marché assez réduit, peu de sociétés font véritablement le poids : « Nous faisons la majorité de notre chiffre d’affaires sur le marché intérieur… alors que les Algériens ne consomment que 7 litres d’huile d’olive par an et par habitant », indique-t-on au service financier de la Société oléicole d’Algérie, entreprise publique filiale de l’Office national des cultures vini-viticoles (ONCV). À côté d’elle, seule la société privée Ifriolive, basée en Kabylie, rivalise vraiment sur le marché international. Les deux compagnies cherchent à séduire de nouveaux clients, en particulier en Amérique du Nord.

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