Égypte : le festival du film d’El Gouna continue de faire rayonner le cinéma dans le monde arabe

Pour sa troisième édition, le festival d’El Gouna affiche son ambition de devenir un rendez-vous incontournable du cinéma dans le monde arabe. Entre longs-métrages, documentaires, films de fiction et tables rondes, tour d’horizon des temps forts de cette programmation.

Le festival d’El Gouna. © DR / El Gouna Festival

Le festival d’El Gouna. © DR / El Gouna Festival

Renaud de Rochebrune

Publié le 24 septembre 2019 Lecture : 4 minutes.

Le festival de cinéma d’El Gouna, une station balnéaire sur les rives de la mer rouge en Égypte, créé à l’initiative de Naguib Sawiris, l’une des plus importantes fortunes du pays, se déroule, pour la troisième année consécutive, du 19 au 27 septembre.

Lors de la spectaculaire cérémonie d’ouverture, les organisateurs n’ont pas manqué de souligner l’ambition du festival et son programme de 84 films (longs-métrages, films de fiction, documentaires…) issus aussi bien du Moyen-Orient que de la production internationale. De quoi permettre à l’événement « de devenir un lieu d’échanges entre les réalisateurs arabes et le public mais aussi entre les cinéastes du monde entier », affirme son directeur Intishal Al Timimi.

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Le festival encourage d’ailleurs le développement de nouvelles productions grâce à la plateforme « CineGouna » qui entend parrainer les films en projet et doter certains d’entre eux d’une aide financière grâce à une enveloppe de 250 000 dollars.

La récente disparition brutale et inexpliquée des festivals de Dubaï et d’Abou Dabi, ainsi que la très récente résurrection du festival de Marrakech, après sa suspension en 2017, confèrent en effet à la manifestation une importance de premier plan dans le monde arabe, lui permettant d’attirer réalisateurs, acteurs et chercheurs de tous les continents. Tour d’horizon des temps forts du programme.

Adam, Parasite, Sorry We Missed You

Le public et les professionnels du cinéma présents à El Gouna sont entrés dans le vif du sujet dès le premier soir avec la projection, sur l’écran de la grande salle du Marina Theater, d’Ad Astra, le dernier film du réalisateur américain James Gray, qui s’inscrit d’emblée parmi les grandes œuvres de science fiction consacrées à l’espace.

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Quelques jours plus tard, ce sont des films acclamés au dernier festival de Cannes qui ont été projetés : Parasite du Coréen Bong Joon-ho – qui a reçu la Palme d’or -, Sorry We Missed You du Britannique Ken Loach, Adam de la Marocaine Maryam Touzani – qui a reçu, à El Gouna, le prix de la fondation EDA par la star canado-égyptienne Mena Massoud -, Les Misérables du Français Ladj Ly, ou encore Bacurau du Brésilien Kleber Mendoça Filho.

Des œuvres inédites

Le festival permet aussi de découvrir des œuvres encore jamais projetées ou peu vues, outre l’inévitable comédie égyptienne When we’re born de Tamer Ezzat présentée en avant-première : Notre-Dame du Nil de l’Afghan Atiq Rahimi, Le rêve de Noura de la Tunisienne Hinde Boujemaa, 1982 du Libanais Oualid Mouaness – qui évoque la guerre du Liban à l’époque de l’invasion israélienne à travers une histoire d’amour entre deux enfants -, Papicha de l’Algérienne Mounia Meddour – qui revient sur le combat anti-islamiste d’une étudiante algérienne pendant la guerre civile -, ou encore You Will Die at Twenty, le premier film soudanais d’Amjad Abu Alala.

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Découvrir de nouveaux talents à travers des documentaires

Côté documentaires, le public a d’ores et déjà pu visionner l’excellent Ibrahim, a Fate to Define de la Palestinienne Lina El Abed, enquêtant sur l’assassinat de son père par ses camarades de combat au sein du groupe Abou Nidal. Et on attend avec intérêt la projection de 143 Sahara Street de l’Algérien Hassen Ferhani, qui avait fait l’unanimité de la critique, en 2015, avec Dans ma tête un rond-point, ou encore de Talking about Trees, l’histoire de quatre jeunes Soudanais de retour d’exil qui entendent relancer le cinéma dans leur pays et initiant leur projet devant la caméra de Suhaib Gasmelbari.

Mais ce n’est qu’à l’issue des projections, bien sûr, qu’il sera possible de voir jusqu’à quel point le festival aura permis de découvrir ou confirmer de nouveaux talents.

Des tables rondes sur des sujets d’actualité 

Très courues, deux tables rondes ont tenté pour leur part dès le début du festival de traiter de thèmes larges et cruciaux, au premier rang desquels le sort des réfugiés et l’importance de leur permettre de devenir de véritables acteurs, et non plus de simples sujets du septième art.

L’occasion également d’évoquer le futur du cinéma africain, avec la présence notamment du réalisateur marocain Nabil Ayouch, en mettant en avant la faiblesse de la production sur le continent, l’indifférence des États à l’égard du septième art, la censure toujours active mais de plus en plus inopérante à l’heure des nouvelles technologies, ou encore les nouvelles stratégies de production qui permettent d’envisager une relance du cinéma.

Reste qu’un sujet n’a pas été abordé : l’absence quasi-totale de films du sud du Sahara sur les écrans du festival d’El Gouna. Une illustration sans doute involontaire mais qui met en évidence la difficulté du cinéma d’Afrique noire à retrouver aujourd’hui sur la scène internationale la place qui fut autrefois la sienne à l’époque de personnalités comme Ousmane Sembène, Souleymane Cissé ou Idrissa Ouedraogo.

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