Noureddine Nouri
Oléiculteur et écrivain tunisien
Noureddine Nouri n’est pas un oléiculteur comme les autres. Après quarante ans d’activités très terre-à-terre, ce Tunisien a pris goût à l’écriture. « Je veux transmettre mon savoir et celui que je tiens de mon père et de mon grand-père », confie-t-il après le succès de son livre L’Olivier, richesse des générations(*). Rédigé en arabe, l’ouvrage est en cours de traduction en français. Le ministère français de la Culture s’y intéresse, en effet, dans le cadre d’une étude sur les diverses dimensions de l’huile d’olive (histoire, techniques utilisées, etc.). Menée par le Musée national des arts et traditions populaires, cette mission a pour objectif de préparer l’ouverture d’un musée de l’Olivier à Marseille.
Noureddine Nouri, 67 ans, ne pouvait qu’être intéressé par ce projet, qui ferait le lien entre le sud et le nord de la Méditerranée. Depuis qu’il s’occupe de la culture et de la transformation des olives, il a, il est vrai, accumulé un savoir-faire et des outils dignes de figurer dans un musée. Originaire de la région de Sfax – berceau tunisien de l’olivier -, il a vécu une profonde mutation du secteur. En 1956, année de l’indépendance, la Tunisie comptait 27 millions de pieds d’oliviers. En 2002, 56 millions de pieds étaient plantés (soit 7 % du total mondial). Le processus de transformation est passé du stade artisanal au stade industriel. La production et l’exportation, qui se faisaient en vrac, intègrent aujourd’hui les méthodes du marketing moderne (conditionnement, normes européennes et américaines…) pour la conquête de nouveaux marchés. Aujourd’hui, précise Noureddine Nouri, l’olivier fait vivre un Tunisien sur dix.
C’est cette transition qu’il a souhaité accompagner, en livrant des secrets d’un métier qu’il veut désormais confier à d’autres. Mais hors du cercle familial : père de quatre enfants, il n’aura pas, avoue-t-il avec un soupçon de regret, à transmettre le relais à l’un d’entre eux. Ils ont choisi des métiers plutôt « cols blancs » (droit, comptabilité, assurance…). Lui-même, d’ailleurs, a commencé à diversifier ses activités en se lançant dans le secteur chimique (peinture, colle pour le bâtiment) et dans l’artisanat (encadrements en bois, bijoux en argent et ambre). Cette dernière occupation, complètement déconnectée de l’olivier, génère des revenus plus réguliers. Une façon de compenser les années de vaches maigres. Elle lui permet, en plus, de revenir à ses anciennes amours : Noureddine Nouri est en effet diplômé de l’école des Beaux Arts de Nice.
C’est pour satisfaire aux exigences de son père et de son grand-père qu’il a dû s’occuper des six mille pieds de la propriété familiale. « Un olivier ne meurt jamais. Mais il a besoin qu’on s’en occupe avec patience, labeur et abnégation. » Il est planté par le grand-père et ne donne aucun fruit avant 12 ans. Il commence à atteindre son plein régime à partir de 50 ans… C’est, par excellence, l’arbre qui se transmet de génération en génération, depuis la Grèce antique jusqu’à nos jours. C’est toute l’histoire de cet « arbre sacré », signe de paix (le fameux « rameau d’olivier »), que Noureddine Nouri a reconstitué dans son livre, très riche en informations économiques (l’olivier dans le monde), techniques (de l’art de planter, d’entretenir, de cultiver, de traiter les maladies…) et, évidemment, commerciales (les diverses sortes d’olivier, les qualités d’huile). L’édition française est vivement attendue. Et pas seulement par le futur musée de Marseille.
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