Liaisons dangereuses
Contrairement à ce que soutenait, lors de ses premiers interrogatoires par la police zimbabwéenne, le Britannique Simon Mann, arrêté le 7 mars à Harare dans le cadre de « l’affaire des mercenaires contre Obiang Nguema » (voir notre enquête en pp. 68-71), des liens existent bel et bien entre celui qui apparaît comme le patron de l’opération et le Sud-Africain Nick Du Toit, chef du commando arrêté à Malabo. J.A.I. a en effet obtenu
copie d’un contrat conclu et signé entre les deux hommes le 12 février 2004, aux termes duquel la société Military Technical Solutions, sise à Pretoria, et représentée par Nick Du Toit, s’engage contre rémunération à « recruter » (sans plus de précision) pour le
compte de Logo Logistics Limited, sise à Guernesey. Le préambule signale que « la Compagnie » (Logo Logistics), ayant « identifié des projets potentiels dans les domaines de la sécurité et de la logistique », a besoin de « professionnels entraînés et compétents » pour les mener à bien. Une formulation vague qui semble signifier que la soixantaine d’« agents de sécurité » arrêtés en même temps que Simon Mann à bord du Boeing 727 affrété par Logo Logistics le 7 mars au soir sur l’aéroport de Harare ont bel et bien été recrutés par Nick Du Toit. Lequel a d’ores et déjà « confessé » le but de leur mission : renverser et capturer le président Teodoro Obiang Nguema. Une copie de ce précieux contrat, obtenu par la police équatoguinéenne auprès de Du Toit, a été remise le 19 mars à une délégation conjointe des services de sécurité sud-africains et zimbabwéens
en « visite d’information » à Malabo.
D’autre part, J.A.I. est en possession d’une attestation manuscrite de 14 pages apparemment rédigée (et paraphée) par Simon Mann lui-même dans sa prison de Harare, le 9 mars. Ce mémorandum très détaillé fait état de plusieurs rencontres que cet ancien cofondateur de la firme de mercenaires Executive Outcomes aurait eues avec l’opposant équatoguinéen Severo Moto Nsa et l’homme d’affaires libano-britannique Ely Calil, à Londres et à Madrid, au cours du premier semestre 2003. C’est au cours de ces entretiens qu’aurait été mis au point le plan visant à « escorter à la maison » (sic) Severo Moto que Simon Mann qualifie d’« homme bien et honnête, ancien séminariste » , un retour au
bercail qui impliquerait bien sûr le renversement préalable (et grassement rémunéré : plusieurs millions de dollars) du président Obiang Nguema, que Mann n’hésite pas à traiter de tous les noms.
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