Les civilisations de l’olivier

Légendes de l’Égypte ancienne, mythologie grecque et Livres saints des trois grandes religions monothéistes : l’arbre merveilleux a traversé les âges.

Publié le 22 mars 2004 Lecture : 3 minutes.

L’histoire de l’olivier est indissociable de celle du Bassin méditerranéen. C’est à Jéricho, en Palestine, qu’ont été découvertes les plus anciennes jarres à huile, vieilles de huit mille ans. À la même époque, en Asie mineure, la présence d’oliviers sauvages est attestée, mais la culture de l’arbre n’a véritablement pris son essor, en Syrie, en Phénicie (l’actuel Liban) et en Palestine qu’aux alentours de 3000 av. J.-C. La plus ancienne mention écrite d’un procédé d’extraction d’huile figure sur une tablette en argile de 2500 av. J.-C., contemporaine du règne du mythique roi Minos, retrouvée sur l’île de Crète. Il semble d’ailleurs que ce soient les Crétois qui aient introduit par le commerce l’huile d’olive en Égypte. Des peintures égyptiennes montrent le pharaon Toutankhamon la coiffe ceinte d’une couronne de feuilles d’olivier, symbolisant la justice. Et Ramsès III est réputé avoir offert des plantations d’oliviers au dieu Râ, « pour que leurs huiles, symboles de vie et d’éternité, puissent garder vivantes les lampes de son sanctuaire ». Le pouvoir d’enseigner aux hommes la culture de l’olivier est par la suite devenu une des vertus prêtées à la déesse Isis, l’épouse d’Osiris, une des principales divinités de l’Égypte ancienne.
De nombreuses légendes existent aussi en Grèce autour de l’olivier. La plus célèbre rattache l’histoire de la fondation de la ville d’Athènes à l’intervention de la déesse Athéna et à son offrande de l’arbre merveilleux : Poséidon et Athéna, deux des plus importantes divinités du panthéon, étaient en concurrence pour donner leur nom à la ville que projetaient de construire les habitants de l’Attique. Zeus, refusant d’arbitrer, décida que l’honneur reviendrait au dieu qui ferait la plus belle offrande aux populations de la région. Poséidon fit surgir de la terre un cheval ; Athéna fit jaillir du sol un olivier, et c’est elle qui l’emporta. Les Grecs, qui tressaient des couronnes de feuilles d’olivier pour récompenser les héros des Olympiades et les généraux victorieux (pratique reprise par les Romains avant d’être supplantée par les lauriers de César), associaient l’huile d’olive à l’opulence, le blé étant pour sa part symbole de subsistance. Les Grecs sont à l’origine de l’introduction de l’olivier dans la péninsule Italienne, aux alentours de 800 av. J.-C.
Mais ce sont les négociants et marins phéniciens qui ont joué le rôle le plus décisif pour la propagation de l’arbre et de son huile dans les pays du pourtour méditerranéen. Avec leurs comptoirs de commerce disséminés le long des côtes, jusqu’en Espagne et en France, ils ont été les pionniers de la culture de l’olivier, notamment en Afrique du Nord, dans l’antique Ifriqiya, l’actuelle Tunisie. En accordant des privilèges fiscaux aux paysans cultivateurs d’oliviers, les Carthaginois, descendants des Phéniciens, ont favorisé le développement des plantations. Et, grâce à leurs techniques d’irrigation, les Romains ont permis l’extension des champs aux régions plus arides, celle de Sufetula par exemple (l’actuelle Sbeïtbla, en Tunisie), considérées jusqu’alors comme peu propices à cette culture. Une foule de mosaïques, en Tunisie et en Italie, témoigne de l’importance de l’olivier dans la civilisation romaine. Et les pressoirs à huile parsèment les sites des villes de l’Antiquité romaine.
Les références à la symbolique de l’olivier sont innombrables dans les Livres saints des trois grandes religions monothéistes. Pour les musulmans, l’olivier est l’arbre des bienheureux, le symbole de la félicité des élus. Les Juifs racontent que Moïse a préparé une onction avec de l’huile d’olive pour sanctifier l’autel, « l’arche d’alliance ». La Bible rapporte que Noé, réfugié sur son arche, distingua la fin du déluge et le début de la baisse des eaux quand il vit une colombe revenir sur sa prodigieuse embarcation avec un jeune rameau d’olivier dans son bec. L’olivier est associé à la renaissance, mais aussi au sacrifice, puisque c’est au mont des Oliviers que le Christ a été crucifié. Enfin, plus près de nous, c’est avec une ampoule contenant de l’huile d’olive que Clovis, le roi des Francs, a reçu l’onction de l’Église catholique en 496…

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