Bénin : guerre de tranchées au sein des FCBE, le parti de Thomas Boni Yayi

Les Forces cauris pour un Bénin émergent sont en crise. Le virulent débat qui déchire le parti de l’ancien président Thomas Boni Yayi, autour d’un récépissé remis par le ministère de l’Intérieur, révèle des divergences profondes au sein de l’une des principales formations d’opposition, entre partisans d’une approche maximaliste et tenants d’une stratégie pragmatique.

L’ancien président du Bénin Thomas Boni Yayi, en 2012. © Vincent Fournier/Jeune Afrique

L’ancien président du Bénin Thomas Boni Yayi, en 2012. © Vincent Fournier/Jeune Afrique

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Publié le 25 septembre 2019 Lecture : 5 minutes.

La brutalité des mots employés dit à elle seule la profondeur de la crise que traverse le parti. Les uns pointent des « traîtres », les autres des « opportunistes » ou des « profiteurs ». À l’origine de ces noms d’oiseaux qui s’échangent, par conférence de presse et messages Facebook interposés, entre les principaux cadres des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE), ce qui pourrait sembler n’être qu’un simple différend administratif : la remise par le ministère de l’Intérieur d’un récépissé reconnaissant l’existence du parti.

Le récépissé de la discorde

L’épisode révèle cependant la lutte qui se joue en interne entre deux tendances, l’une souhaitant maintenir le cap d’une opposition ferme au président Patrice Talon, l’autre semblant clairement vouloir saisir l’offre de dialogue mise en avant par le chef de l’État. La querelle, qui couvait en coulisses depuis plusieurs semaines, a éclaté vendredi 20 septembre, à la faveur de la publication au Journal officiel d’un récépissé reconnaissant l’existence légale des FCBE.

La polémique peut sembler paradoxale, puisque c’est l’absence de ce fameux document – devenu obligatoire depuis la mise en place de la Charte des partis politiques – , qui avait servi d’argument au gouvernement pour justifier l’exclusion des FCBE et de l’ensemble des partis se réclamant de l’opposition lors du scrutin législatif du 28 avril dernier. Un scrutin qui a débouché sans surprise sur une Assemblée entièrement acquise à Patrice Talon, et ouvert une crise politique dont le pays peine à sortir.

Si les couteaux sont sortis si rapidement de leurs fourreaux, c’est que, pour obtenir ce récépissé de la discorde, l’ancien ministre Paul Hounkpé et Théophile Yarou, secrétaire exécutif national adjoint du parti, ont cédé aux « suggestions » du ministère de l’Intérieur : en l’occurrence, exclure de la direction du parti ceux qui, sous le coup de poursuites judiciaires au Bénin, se trouvent actuellement à l’étranger. Parmi eux, notamment, deux anciens ministres de Thomas Boni Yayi : Komi Koutché, Simplice Codjo et Valentin Djenontin.

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