Présidentielle en Tunisie : quatre questions sur le programme de Kaïs Saïed en matière de libertés
Nombre de Tunisiens qui ne souhaitent pas voter pour Nabil Karoui au second tour de la présidentielle hésitent encore à soutenir Kaïs Saïed. En cause, entre autres, le rapport de ce dernier aux libertés individuelles et à la religion. Beaucoup l’appellent à éclaircir son positionnement. Jeune Afrique l’a interviewé et a confronté ses réponses.
Son arbre généalogique parle pour lui : Kaïs Saïed est issu d’une famille tunisienne pieuse mais réformiste. Mais que fait-il donc sur des clichés aux côtés de Ridha Belhaj, leader du parti salafiste Hizb al-Tahrir ? S’il dit accepter d’être pris en photo avec tout le monde, cela ne fait pas pour autant de lui un salafiste, le défendent à l’unisson ses proches. Lui assure n’avoir rencontré Belhaj qu’une seule fois. « Nous avons discuté dans un café il y a environ deux ans, et ça s’est arrêté là. Nous n’avions pas les mêmes idées. Je n’ai jamais appartenu à ce parti et je n’y appartiendrai jamais », jure-t-il.
« Son électorat compte aussi des jeunes conservateurs, voire à tendance salafiste et surtout nationalistes, déçus d’Ennahdha », souligne Zouheir Benjannet, maître de conférences en sociologie au laboratoire État, culture et mutation de société de l’Université de Sfax.
« Ce qui m’a effrayé, c’est qu’il a donné l’une de ses premières déclarations à la chaîne qatarie Al-Jazira. Or, je n’ai pas confiance en cette télévision, ajoute Abdelfattah El Gargouri, l’un des fondateurs de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, soutien de la gauche et candidat indépendant aux législatives à Sfax. S’il veut que je vote pour lui au second tour, il faudra qu’il déclare qui il est exactement. »
Kaïs Saïed est souvent qualifié de conservateur sur le plan des mœurs, même s’il fait tout pour ne pas paraître moraliste. La religion ? « Un choix personnel. » Le vainqueur du premier tour de la présidentielle en veut pour preuve son propre cas : « Dans notre famille élargie, nous sommes tous musulmans, mais il y a des pratiquants et des non-pratiquants. Chacun est libre de son choix. »
• Ambiguïtés constitutionnelles sur l’islam
Adepte pointilleux du droit, Kaïs Saïed ne remet pas en cause la Constitution. « Chacun est également libre dans la société de faire ses propres choix. La liberté religieuse est d’ailleurs consacrée. » Quid de la liberté de conscience, également reconnue constitutionnellement ? Le candidat ne la mentionne pas spontanément.
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