Frilosité internationale
Publié le 22 mars 2004 Lecture : 2 minutes.
Le 8 décembre 2003, par 90 voix contre 8 et 74 abstentions, l’Assemblée générale de l’ONU demanda à la Cour internationale de justice de se prononcer « sur les conséquences légales de l’édification » du mur israélien, et les débats commencèrent le 23 février dernier. Mais en attendant leur issue, la répartition des voix sur cette saisine ne manque déjà pas d’intérêt.
Les votes hostiles comprennent, aux côtés d’Israël : d’abord les États-Unis, qui soutiennent systématiquement l’État hébreu dans les instances internationales, quelle que soit la politique de son gouvernement, puis l’Australie et l’Éthiopie, on ne sait trop pourquoi ; enfin les îles Marshall, la Micronésie, Nauru et Palau, que la plupart des Israéliens seraient sans doute bien en peine de situer sur une carte.
Quant au bloc des abstentionnistes, le plus déconcertant est d’y trouver les pays de l’Union européenne. Moins de deux mois plus tôt, en effet, le 21 octobre 2003, cette même Union avait fait voter par la même Assemblée générale, par 144 voix contre 4 (États-Unis, Israël, îles Marshall et Micronésie), une résolution jugeant l’édification du mur « contraire aux dispositions pertinentes du droit international », et « exigeant qu’Israël arrête et inverse les travaux » en démolissant les parties déjà construites. Et, le 28 novembre, le secrétaire général lui-même, Kofi Annan, en déplorant dans un rapport qu’Israël n’ait tenu aucun compte de ladite résolution, confirmait que cette « ligne de sécurité » représentait un revers pour le processus de paix et une souffrance pour le peuple palestinien. Reconnaissant « le droit et le devoir » d’Israël de protéger son peuple, il ajoutait que cela ne devait pas se faire « en contradiction avec la loi internationale ». En s’abstenant, deux jours plus tard, de demander un simple avis juridique non contraignant sur un problème de légalité qu’elle paraissait avoir tranché dans sa propre résolution, l’Union européenne a manifesté, une fois de plus, que la logique et le courage ne figuraient pas au nombre de ses vertus cardinales.
