Zimbabwe : Robert Mugabe sera finalement enterré dans son village natal

L’ex-président zimbabwéen Robert Mugabe, décédé le 6 septembre, sera finalement enterré dans son village natal et non au Panthéon national à Harare, nouveau rebondissement du feuilleton qui oppose sa famille à son successeur, Emmerson Mnangagwa.

La dépouille de Robert Mugabe dans sa résidence principale d’Harare, le 11 septembre 2019. © Ben Curtis/AP/SIPA

La dépouille de Robert Mugabe dans sa résidence principale d’Harare, le 11 septembre 2019. © Ben Curtis/AP/SIPA

Publié le 27 septembre 2019 Lecture : 2 minutes.

« La famille de l’ancien président Robert Mugabe a exprimé son désir d’organiser son enterrement à Zvimba (nord) », a annoncé jeudi le porte-parole du gouvernement, Nick Mangwana. « Le gouvernement apportera le soutien nécessaire pour que l’ancien président ait un enterrement approprié selon les volontés de la famille », a-t-il ajouté.

Leo Mugabe, neveu du défunt et porte-parole de sa famille, a confirmé que l’enterrement aurait effectivement lieu à Zvimba, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de la capitale, Harare, « probablement samedi ».
La dépouille de l’ancien président, conservée jusqu’à présent à Harare, doit être transportée vendredi à Zvimba, a-t-il précisé, ajoutant que la cérémonie serait réservée à ses proches.

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Robert Mugabe s’est éteint le 6 septembre à l’âge de 95 ans à Singapour, où il était soigné. Il souffrait d’un cancer à un stade avancé, a déclaré cette semaine son successeur, Emmerson Mnangagwa.

Sitôt sa mort annoncée, la question épineuse du lieu de son inhumation a viré à la guerre ouverte entre sa famille et le gouvernement d’Emmerson Mnangagwa, un ancien proche tombé en disgrâce. L’origine du bras de fer est à chercher dans les conditions qui ont provoqué la chute humiliante de Robert Mugabe en 2017, après trente-sept années à la tête du pays.

Héritage controversé

Il avait été contraint de démissionner, lâché par son parti, la Zanu-PF, et l’armée, juste après avoir limogé, à l’instigation de son épouse, Grace Mugabe, son vice-président Mnangagwa. C’est ce dernier qui a lui a succédé.

Jusqu’à son dernier souffle, Robert Mugabe a gardé une rancune tenace envers Emmerson Mnangagwa, les généraux et les dirigeants du parti qui l’ont renié. Des « traîtres », avait-il fulminé publiquement.

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Lors de ses obsèques publiques le 14 septembre à Harare en présence de plusieurs chefs d’État africains, un de ses neveux, Walter Chidhakwa, avait confié qu’il s’était éteint comme un « homme triste, très triste ».

Aux autorités qui exigeaient que Robert Mugabe soit enterré dans la capitale au panthéon des vétérans de la « lutte de Libération », ses proches et les chefs traditionnels avaient opposé qu’il ne pouvait l’être que dans son village natal.

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Après plusieurs jours de tractations, la famille avait finalement accepté qu’il soit enterré au « Champ des héros », une fois construit un mausolée en son honneur. C’était sans compter sur un énième rebondissement jeudi. Trois semaines après son décès, le héros de la guerre de Libération du Zimbabwe devenu despote sera finalement enterré à Zvimba, où il possédait une vaste propriété.

Dirigeant incontournable de l’Afrique post-coloniale, Robert Mugabe a laissé un pays traumatisé par la répression et ruiné par une crise économique dans laquelle il est toujours englué.

Illustration de son héritage controversé, ses obsèques officielles se sont déroulées dans un stade aux deux tiers vide. Dans la foulée, sa dépouille avait été exposée une journée dans son village pour un adieu qui n’avait pas non plus suscité beaucoup de ferveur.

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