Ce si bon régime méditerranéen

Des études scientifiques ont démontré les effets bénéfiques de la consommation d’huile d’olive.

Publié le 22 mars 2004 Lecture : 4 minutes.

Depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, l’huile d’olive a été abondamment utilisée par la médecine traditionnelle. Par exemple avec de l’ail pour soigner l’hypertension ; avec de l’estragon ou de l’ail comme vermifuge intestinal ; avec de la marjolaine contre les indigestions ; avec du basilic contre le stress, etc. Dans certains domaines, son action a été démontrée scientifiquement. Ainsi, l’huile d’olive fait vider la vésicule biliaire dans l’intestin, favorisant la digestion des graisses et luttant contre la constipation. Mais c’est dans la prévention de l’infarctus du myocarde – deuxième cause de mortalité dans le monde – que l’huile d’olive a été le mieux étudiée ces quinze dernières années. L’infarctus du myocarde résulte d’une obstruction : concrètement, un dépôt graisseux dans la paroi d’une artère provoque son rétrécissement, ce qui favorise la formation d’un caillot de sang.
Comment l’huile d’olive peut-elle empêcher cet accident grave ? D’abord en empêchant le dépôt graisseux constitué par du mauvais cholestérol (LDL-C), qui, après oxydation, vient encrasser les artères. Un phénomène rendu possible grâce à des constituants conservés dans l’huile « vierge » (en réalité, c’est un jus de fruit, un jus d’olive). Ensuite, l’huile d’olive augmente le bon cholestérol (HDL-C), qui ne se dépose pas dans les artères mais est ramené au foie et évacué dans l’intestin. Enfin, elle agit aussi en diminuant la tendance du sang à coaguler.
La réalité pratique de cette action préventive a été démontrée dans le contexte du régime méditerranéen. L’enquête de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dite « des sept pays », réalisée sur vingt ans et publiée dans les années 1960, a montré que, à taux de cholestérol égal, le taux de mortalité d’origine cardiaque était trois à huit fois plus faible dans les pays méditerranéens, et même vingt fois inférieur en Crète ! Le régime méditerranéen comporte quotidiennement des sucres lents (céréales, pâtes), des légumes frais, des fruits, des fromages de chèvre ou des yoghourts, des salades d’herbes et notamment de pourpiers (plantes à petites feuilles charnues contenant de l’acide alpha-linolénique), quatre ou cinq fois par semaine du poisson et parfois du poulet ; la viande rouge n’étant qu’exceptionnellement proposée. Il est intéressant de constater que l’acide bienfaisant des pourpiers se retrouve dans les escargots, abondamment consommés en Crète. Évidemment, la seule matière grasse utilisée est l’huile d’olive. À noter que boire deux ou trois verres de vin par jour, au cours des repas, semble avoir un effet favorable. Dans les années 1980, une deuxième étude OMS dite « Monica », faite sur quinze ans dans vingt et un pays, a confirmé l’intérêt de ce régime méditerranéen.
Enfin, l’étude lyonnaise du coeur, dont les résultats définitifs ont été rendus publics en 1999, a comparé deux groupes de trois cents malades ayant déjà souffert d’un infarctus du myocarde. Le premier groupe suivait le régime de prévention classique ; le second suivait le régime méditerranéen. On avait fabriqué pour ces derniers patients, non habitués au goût de l’huile d’olive, une margarine en ayant les caractères (avec une majoration en acide alpha-linolénique). Le résultat fut spectaculaire : une très forte réduction de la mortalité et des rechutes dans le groupe méditerranéen. La Crète, où le tourisme entraîne des modifications dans l’alimentation, fournit malheureusement actuellement une contre-expérience. Avec l’apparition des fast-foods et de leurs hamburgers, la fréquence des infarctus y a augmenté !
Après avoir longtemps discuté de l’intérêt du régime méditerranéen dans la prévention de l’infarctus du myocarde, les cardiologues de l’American Heart Association (AHA, l’une des associations médicales américaines les plus importantes) notent « l’énorme bénéfice en santé publique [qu’il] pourrait apporter à la population » et envisagent de l’intégrer dans les guide-lines de l’AHA. Cette perspective est confirmée dans un article du New England Journal of Medecine – le plus connu des journaux médicaux – du 26 juin 2003.
D’autres effets éventuels de l’huile d’olive et du régime méditerranéen ont donné lieu, de la part de certains chercheurs, à des observations qui restent à vérifier. On a signalé : la baisse de la pression artérielle, un effet favorable sur la formation osseuse, un effet favorable dans certains diabètes et dans le traitement de l’obésité, et même la prévention de certains cancers, notamment de l’intestin et du sein.
Que conclure ? L’intérêt médical de l’huile d’olive et du régime méditerranéen a si bien été démontré qu’on essaie de le copier en Europe, aux États-Unis ou ailleurs. Et déjà, des pharmaciens malins commercialisent des flacons d’extrait de régime crétois ! Au-delà, cet intérêt pour l’huile d’olive trahit l’attention que l’on porte aujourd’hui à un mode de vie, à une philosophie de l’existence – la civilisation de l’olivier – peut-être plus sage et plus heureuse (comme certaines civilisations orientales) que le mode de vie occidental…

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