Algérie : ceux qui ont choisi la valise
Publié le 22 mars 2004 Lecture : 1 minute.
Chaque jour des Algériens quittent l’Algérie pour la France, sans espoir de retour. C’est un drame pour eux et pour le pays. C’est le cas de Saïd. Il gagnait 800 francs par mois comme clerc chez un grand avocat algérois. Il allait avoir bientôt sa voiture, un jour son propre cabinet. Il a décidé de partir parce qu’il n’arrivait pas à s’adapter à l’Algérie nouvelle. Elle lui demandait trop de patience et d’efforts. En France, il espère trouver plus de facilités pour terminer ses études, une entreprise dans laquelle il travaillera plus à l’aise. Et, peut-être aussi, plus d’occasions de se distraire et s’amuser : « Là-bas, au moins, je trouverai peut-être une femme. »
C’est un peu le drame de tous les émigrants qui quittent l’Algérie. Ils s’en vont chercher ailleurs ce que leurs efforts conjugués pourraient et devraient faire naître sur place. Ce n’est pas le départ en lui-même qui est à incriminer. C’est le départ sans esprit de retour.
Si certains jeunes manquent singulièrement de l’esprit civique que l’on pourrait espérer trouver dans un pays neuf, la majorité des partants ont des raisons plus sérieuses. Ce sont le chômage et les bas salaires que tous n’acceptent pas avec l’enthousiasme escompté.
Ces raisons ne sont pas aussi neuves que cela puisqu’elles ont poussé, bien avant l’indépendance, des centaines de milliers de travailleurs à chercher en France des emplois afin de nourrir leur famille. Mais, elles sont plus graves à l’heure où le pays a besoin de toutes ses énergies pour la construction du socialisme. 80 % des gens qui embarquent au port d’Alger n’ont jamais mis les pieds en France. Ils espèrent trouver
tout dans le pays d’accueil, mais ils se trompent. Beaucoup parmi eux sont des jeunes ayant plus soif de plaisirs que de travail. Souhaitons que la campagne d’explication menée par la presse et la radio algériennes parvienne à dissiper l’amertume et le scepticisme à l’égard de la révolution.
