Une marocaine qui a la cote
Spécialisée dans le paiement électronique, Hightech Payment Systems fait une entrée spectaculaire sur la place boursière casablancaise.
L’introduction en Bourse, le 27 décembre 2006, à Casablanca, de la société Hightech Payment Systems (HPS), a été un franc succès. Les 195 000 titres, proposés à la souscription dans une fourchette variant entre 740 et 850 dirhams (66,6 et 76,50 euros), et qui représentent 30 % du capital de cette entreprise spécialisée dans la monétique, se sont arrachés : la demande a été vingt-neuf fois supérieure à l’offre !
HPS, fondée en 1995 par un noyau d’ingénieurs issus de S2M, l’entreprise historique du secteur, est une véritable start-up. Elle a enregistré, pour 2006, un chiffre d’affaires de 120 millions de dirhams (10,8 millions d’euros) et connaît depuis dix ans une croissance moyenne de l’ordre de 30 %. Les perspectives 2007, détaillées par son PDG, Mohamed Hourani, sont excellentes. La firme casablancaise, qui emploie une centaine de personnes, essentiellement des ingénieurs, et réalise plus de 80 % de ses ventes à l’export, devrait ouvrir deux nouvelles succursales, une à Paris, l’autre à Dakar. Elle possède déjà, depuis 2003, une filiale aux Émirats arabes unis, à Dubai Internet City.
HPS a choisi, dès l’origine, de ne pas se disperser et de faire du paiement électronique le cur de son métier. « Nous sommes fournisseurs de solutions de paiement électronique multicanal, explique Mohamed Hourani. C’est-à-dire que nous vendons les logiciels que nous éditons, mais aussi les prestations les accompagnant, qui vont de l’installation à la formation. Nos solutions de paiement englobent les guichets électroniques, mais aussi Internet, la téléphonie mobile, et demain, sans doute, la télévision interactive. En revanche, nous ne fabriquons pas de cartes et ne fournissons pas de matériel. Notre métier, c’est le cur du système. » La technologie PowerCard, un progiciel certifié par Visa, MasterCard, American Express, Diners Club et JCB, constitue le produit phare de HPS. Il a été adopté par 150 clients répartis dans une cinquantaine de pays. Toutes les activités de la société sont certifiées ISO 9001 (version 2000) depuis 2003.
Avec S2M, M2M et HPS, le Maroc dispose de trois entreprises de pointe en monétique, conquérantes à l’international. Un cas de figure sans équivalent au Maghreb et en Afrique. « Effectivement, admet Mohamed Hourani, lorsque nous démarchons à l’export sur des marchés vierges, les gens sont surpris. L’économie marocaine n’a pas une étiquette technologique. Elle est davantage connue à travers son textile ou son agriculture. Mais les références et les certifications suffisent généralement à dissiper les appréhensions. » L’histoire de la monétique marocaine remonte à 1984, quand un industriel, Abdelhaq el-Andaloussi, fonde, en partenariat avec la société française Sligos (devenue aujourd’hui Atos Origin), S2M. Mohamed Hourani, ingénieur statisticien de formation, qui avait débuté sa carrière professionnelle au sein de Sacotech, le centre de traitement des données du groupe ONA, est recruté comme directeur général. En 1988, les banques marocaines passent à la monétique. Lorsque, peu après, les Français décident de rapatrier dans l’Hexagone leurs activités stratégiques délocalisées au Maroc, les ingénieurs de S2M, qui ont acquis un précieux savoir-faire, se lancent dans la création de logiciels et le développement de solutions. Une success-story était née.
Par rapport à ses rivaux français ou américains, HPS reste une structure de taille modeste. Un handicap largement compensé par une réactivité aiguë. « Je peux décider séance tenante, précise Mohamed Hourani. C’est un de nos atouts principaux, bien davantage que le prix, car nous ne sommes que 10 % à 15 % moins chers que la concurrence. Nos coûts sont élevés, nos ingénieurs sont convoités et doivent être rémunérés à leur juste valeur. » Autre avantage : un business model reposant sur une « tarification à la carte » (prix indexés sur les volumes de transactions) plutôt que sur le versement de royalties pour l’exploitation des licences.
La priorité des années à venir sera la croissance des ventes – donc le marketing -, car la gamme des solutions proposée par HPS est très complète. La société, déjà bien présente en Afrique, notamment au Sénégal, au Mali, au Burkina et à Madagascar, vient de remporter coup sur coup deux appels d’offres portant sur la mise en place de centres régionaux d’interconnexion des établissements bancaires de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) et de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).
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